Pendant 20 ans, Philippe Messager a géré des boiteries en urgence au serre-jarret. Passionné par la santé du pied et formé au parage en Espagne, le vétérinaire a fini par acheter une cage pour intervenir confortablement. Il lève les pieds de 1000 vaches par an. En Bretagne, entre des conduites 100 % en bâtiment et des systèmes très pâturants, est-ce que la gestion de la santé des pieds diffère ? Les professionnels du pied interviennent dans trois catégories d’élevages. D’abord, il y a l’approche zéro-pâturage, souvent en traite automatisée. Pour simplifier, hors soin spécifique, toutes les vaches doivent recevoir un parage préventif une fois dans l’année. Et pour moi, les quatre pieds doivent être levés. Pour autant, je n’aime pas la grand-messe où tout le troupeau passe dans la cage dans la journée. Il est plus judicieux d’opérer par petits lots. L’approche du tarissement étant notamment une période privilégiée. À l’autre extrême, pour caricaturer, il y a les troupeaux en bio, ou du moins très pâturant. Grâce à la marche, l’usure de la corne est intense. Dans ce cas, un parage de groupe n’a aucun intérêt. L’important est simplement d’intervenir dans les 3 jours dès qu’une vache boite. Entre ces deux modèles, il y a l’élevage traditionnel breton des années 2000 : maïs ensilage en bâtiment l’hiver, pâturage aux beaux jours. Je conseille alors 3 à 6 interventions par an pour réaliser du parage curatif pour soigner les boiteuses et préventif pour corriger les défauts d’aplombs sur une partie seulement du troupeau. Certaines vaches seront vues plusieurs fois dans l’année, d’autres jamais. Pourquoi embêter l’animal qui n’a aucun souci ? La prise en charge trop tardive des boiteries reste un problème… Toute vache qui boite doit être soignée dans la semaine par quelqu’un de compétent. Cela ne sert à rien de la sortir…
Les vaches sont à l’aise dans la cage du vétérinaire