Charlotte Gourdon suit la formation de pédicure bovin au CFPPA du Rheu. Elle projette de démarrer son activité dans le Morbihan en mai.
Après ses études agricoles, Charlotte Gourdon, 29 ans, a d’abord travaillé pendant quelques années comme salariée sur des ateliers laitiers et porcins en Bretagne. Cela lui a donné l’occasion de rencontrer des pédicures sur le terrain. « On dit “pas de pied, pas de cheval” dans les écuries. Alors assez naturellement, dans les fermes, je me suis intéressée à la biomécanique de la vache », raconte cette cavalière passionnée. Une fois la décision de se reconvertir prise, son chemin était tout tracé. « Je me suis renseignée… Aujourd’hui, on ne fait pas de parage sans passer par la formation des pédicures bovins au CFPPA du Rheu (35) ».
Essayer différents modèles de cage
Depuis septembre, elle alterne donc des semaines dans l’établissement et d’autres en conditions réelles au contact des professionnels. « Les moments à l’école sont l’occasion de poser plein de questions aux formateurs qui sont des puits de savoir. C’est une chance incroyable quand on apprend son futur métier. Ce sont des mentors pour moi », confie-t-elle.
Le reste de la formation se déroule en partageant le quotidien de pédicures dans les élevages. Charlotte a choisi de multiplier les expériences comme auprès des Bretons David Barrière (29), Jhonny Bertil (56) ou Coralie Crouton (35). « Je passe une semaine avec chacun. Cela me permet d’essayer différents modèles de cages, de voir leurs organisations, de recevoir des conseils et d’apprendre des astuces. » L’apprenante est aussi descendue en Charente auprès de Delphine Heurtebize, l’une des pionnières dans une profession qui se féminise peu à peu. « Je suis gauchère comme elle. Parfois, pour les formateurs droitiers, certains gestes sont plus difficiles à expliquer. À ses côtés, je peux réfléchir à ma posture de travail ou la manière de placer mon poignet », explique, tout sourire, la jeune femme.
« Comme un maréchal-ferrant pour les vaches »
« Pressée », Charlotte Gourdon se prépare à se jeter dans le grand bain. Son véhicule est déjà floqué du logo de son affaire. Sa cage de parage sera livrée dans quelques semaines. Le début de son activité est prévu en mai, à la fin de son cursus. Finalement, comme souvent, les démarches administratives auront presque été l’obstacle principal. Le plus difficile a été d’expliquer le métier à la banque. « Comme un maréchal-ferrant pour les vaches », sourit la Bretonne. « De faire comprendre aussi qu’il y a de la demande sur le terrain. Mais j’ai apprécié que ma conseillère fasse des recherches et regarde une vidéo pour comprendre mon dossier. » Choisir un code APE pour obtenir un numéro de Siret a été encore une autre histoire. « Il n’y a pas de case pour pédicure bovin. Finalement, je suis inscrite à la Chambre de commerce. »
Avant l’installation de son entreprise à Muzillac (56), Charlotte a aussi contacté les confrères du secteur. « J’ai reçu un très bon accueil, beaucoup de conseils. Si besoin, je peux les contacter. Dans ce métier, il y a du boulot pour tout le monde », termine-t-elle en avouant balancer entre stress et excitation à l’approche d’enfiler le costume de pédicure indépendante.