Un seul traitement de semence reste autorisé pour une action répulsive des choucas des tours. Des moyens agronomiques existent aussi en cas d’attaques modérées.
La protection des semences de maïs a quasiment disparu. En 2018, la quasi-totalité de la sole de maïs bénéficiait d’une protection à l’aide de thirame (Gustafson) associé ou non à du thiaclopride (Sonido). Les deux substances ont démontré leur intérêt pour la protection des semis contre les dégâts de corvidés. En 2019, le thiaclopride n’était plus disponible mais le thirame, pour sa dernière année d’utilisation, couvrait encore environ 75 % de la sole de maïs. Mais en 2020, sans thiaclopride et sans thirame, seul le Korit 420FS à base de zirame était disponible. Ce produit était néanmoins très peu répandu avec seulement 3 à 5 % des surfaces concernées par cette solution… Soit plus de 95 % de la sole à découvert et ne bénéficiant d’aucune spécialité ayant des propriétés répulsives face aux corvidés.
Reste un seul traitement de semence
La seule solution pour protéger le maïs contre les attaques de corvidés en traitement de semence reste donc le Korit 420FS ; il est homologué et disponible pour les prochains semis (date de fin d’approbation UE : 30/04/2021, le calendrier d’une éventuelle prolongation ou d’un éventuel retrait n’est pas connu à ce jour). Cette spécialité commerciale peut donc être utilisée pour protéger les semences des parcelles exposées à un risque d’attaque de corvidés. Sur le plan technique, les essais réalisés par Arvalis ont permis de démontrer l’intérêt corvifuge du produit Korit 420FS.
Les semis protégés avec Korit 420FS sont nettement mieux protégés que les semis disposant uniquement d’une protection fongicide (Inlfux xl) ou fongicide + insecticide (Influx xl + Force 20CS). Korit 420FS présente donc un intérêt technique à un niveau comparable aux solutions à base de thirame (désormais non disponibles) même si le niveau de protection demeure partiel, voire largement insuffisant lorsque les populations de corvidés sont trop abondantes et que les conditions agronomiques et climatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux. Aucune autre solution disponible à ce jour, autorisée pour l’usage corvifuge ou n’importe quel autre usage permettant une mise en marché, n’a démontré à ce jour un intérêt technique dans nos essais pour la protection contre les attaques de corvidés. Sur le plan réglementaire, Korit 420FS présente les mentions de danger H330 (mortel par inhalation), H373, H317, H335 et H401 qui impliquent une protection renforcée de l’utilisateur lors de son utilisation ou de son application sur semences. Comme pour n’importe quelle solution phytopharmaceutique, l’utilisation de ce produit ne peut donc pas être généralisée et doit être réservée aux parcelles concernées par un risque d’attaque par les ravageurs ciblés. En 2021, un réseau d’essais piloté par Arvalis et avec la participation de nombreux partenaires va être mis en place en Bretagne – Pays de la Loire et Normandie afin d’améliorer les connaissances sur les moyens de lutte des corvidés.
Utiliser les moyens agronomiques
L’adaptation des pratiques agronomiques peut contribuer à abaisser l’exposition des jeunes plantes aux attaques de corvidés sans pour autant garantir l’absence d’attaques.
• La date de semis : grouper les semis permet de diluer les attaques de corvidés dans le paysage. Il convient donc d’éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps. Une parcelle de maïs isolée géographiquement ou dans le temps (semis tardif par exemple) aura toutes les chances de concentrer les individus, et donc les dommages.
• Éviter les préparations en conditions trop sèches pour ne pas avoir des sols motteux ou soufflés, conditions favorables aux dégâts d’oiseaux, tout en évitant de semer trop tôt après le labour (en sol limoneux). Un compromis doit être trouvé pour satisfaire ces conditions pouvant parfois être antagonistes.
• Rappuyer correctement la ligne de semis : Lorsque les oiseaux ont le choix, des différences sont notables selon le type de préparation de sol et le type de semoir,
• Privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus profond) si les conditions le permettent (selon le type de sol, la période de semis, la météo annoncée…). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés.
Un synchronisme culture / besoins alimentaires ?
Éric Masson – Élodie Quéméner / Arvalis-Institut du végétal