Confier la reproduction aux robots

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En toute sérénité, Sylvain Bescond confie la détection des chaleurs et les constats de gestation à la machine.
Grâce à la mesure régulière de la progestérone dans le lait, le système RePro assure, entre autres, détection des chaleurs et constat de gestation. Après un an d’utilisation, les associés mesurent déjà des progrès tangibles. 

Dans un contexte d’augmentation de la taille du troupeau (installation d’un jeune) concomitante à la fin de carrière de deux associés, les éleveurs du Gaec Bescond ont décidé de sécuriser leur atelier lait « en automatisant au maximum ». Le plus gros changement tient sans aucun doute à l’abandon de la salle de traite 2 x 12 postes, vieillissante et sous-dimensionnée, en faveur de trois robots DeLaval V300 en octobre 2019. « Rapidement après la mise en route, le concessionnaire nous a proposé RePro, un module de gestion de la reproduction compatible avec nos automates, qui venait d’être lancé en France  », se rappelle Sylvain Bescond. La progestérone est l’hormone de référence pour définir le cycle ou le statut de reproduction de l’animal. En s’appuyant sur la mesure de son taux dans le lait, cette innovation permet non seulement de détecter les chaleurs y compris les silencieuses, mais également de confirmer les gestations et même de déceler les cycles anormaux (anœstrus, kystes…). « L’offre était prometteuse. Comme nous utilisions déjà des colliers de mesure de l’activité, nous avions l’habitude de faire confiance à la technologie pour détecter les chaleurs et, dans certains cas, inséminer à l’aveugle. Mais ce nouveau système est-il vraiment fiable ?  », se sont alors demandé les associés avant de se laisser convaincre.

[caption id= »attachment_53774″ align= »aligncenter » width= »720″]sans titre 1 Chacun des trois robots de traite du Gaec embarque un module de suivi de la reproduction. Une cassette contenant 400 bandelettes réactives d’analyse du taux de progestérone dans le lait y est introduite.[/caption]

Une détection des chaleurs plus précoce qu’avec les colliers

Dans la pratique, ce module RePro se matérialise par un boîtier installé sur chaque robot. On y glisse une cassette contenant 400 sticks. « Pour tester une vache, lors de son passage à la traite, une goutte de son lait est déposée sur une de ces bandelettes contenant un réactif spécifique. Ensuite, cinq minutes plus tard, une caméra lit le résultat de colorimétrie qui varie en fonction du taux de progestérone. » Au lancement des modules, le système ne connaît pas le troupeau, alors il analyse au quotidien le taux de progestérone de toutes les vaches. « Puis au bout de trois semaines, les résultats permettent de construire les courbes individuelles de taux de progestérone et les cycles commencent à apparaître à l’écran.  »
Fort d’une expérience de 10 ans comme responsable de troupeau sur différents élevages avant de s’installer, Sylvain Bescond, tout comme son père, avait au départ du mal à croire aux promesses de l’installateur. Sceptiques, ils ont d’abord conservé leurs 40 colliers de mesure d’activité. « Nous avons été très rapidement rassurés. Les modules RePro nous informaient d’une chaleur à venir un jour et demi avant la réception du texto envoyé par notre ancien système… À l’écran, c’est très visuel, on voit une chute sévère de la progestérone. Cette détection plus précoce facilite l’organisation concernant le passage de l’inséminateur. » Il n’y a plus qu’à programmer sur le logiciel le tri de l’animal vers le box d’isolement au moment voulu.

40 € par vache et par an

Le coût d’utilisation des modules lié à l’achat des recharges de sticks et à l’entretien est estimé à 40 € par vache et par an. Est-ce cher ? « Pas forcément chez nous si on compare au prix d’un système de colliers qui ne mesurent que l’activité, auquel s’ajoute le coût d’un service d’échographies », explique Sylvain Bescond. Sans oublier l’économie de doses de semence réalisée depuis le démarrage des robots. « En moins de 18 mois, nous sommes passés de 3,4 paillettes par gestation à 2,9 aujourd’hui. » Ce progrès rapide a deux explications : « D’une part, auparavant, comme nous sautions la traite du dimanche soir, les colliers mesuraient beaucoup d’activité le lundi et nous inséminions parfois des vaches vraisemblablement pas en chaleur. D’autre part, grâce à la détection précoce des chaleurs par les modules, nous inséminons davantage au meilleur moment. »

Aussi efficace que l’échographe

Pour finir d’être convaincus, les associés ont attendu avec impatience l’épreuve suivante : le passage du technicien pour les constats de gestation. « J’avais préparé ma liste des vaches vides ou pleines à partir des données du logiciel des robots. Au fur et à mesure des écographies, je comparais… C’était impressionnant, les deux approches donnaient les mêmes résultats », témoigne Sylvain Bescond. Et d’enfoncer le clou : « Le suivi par les robots est même plus efficace car il perdure dans le temps… Auparavant, comme nous n’avions que 40 colliers pour 130 vaches, j’enlevais les colliers des confirmées gestantes au moment de l’échographie pour les mettre à d’autres vaches en début de lactation. Mais désormais, les modules suivent les 170 animaux en production au fil de leur lactation, y compris quand elles sont pleines.  » Ils fournissent ainsi des informations en cas d’avortement ou de mortalité embryonnaire.
Lors de ses visites toutes les trois semaines, le technicien-écographe repérait également les vaches présentant un dysfonctionnement ovarien. « Aujourd’hui, sous la surveillance du système, à 55-60 jours après vêlage, je sais déjà où en est l’animal. À l’écran, un état d’anœstrus, d’absence de cycle, se repère rapidement puisque la courbe de progestérone ne bouge pas. Cela favorise une prise en charge plus précoce en cas de problème  », explique l’éleveur qui dispose de davantage de données pour envisager une réforme pour infertilité.

[caption id= »attachment_53773″ align= »aligncenter » width= »720″]©td gaecbescondprogest Sur l’écran de l’ordinateur, l’évolution de la courbe de taux de progestérone montre très clairement la succession des cycles ovariens.[/caption]

Réduction de 16 jours de l’intervalle vêlage – IA fécondante

Face aux performances de la technologie, « bluffantes  », le service d’échographie a été arrêté et les colliers de mesure de l’activité remisés au placard au bout de quelques mois. Question reproduction, les modules s’occupent de tout et les associés soulignent leur fiabilité. « Nous ne reviendrions pas en arrière », confient ceux qui ne doutent plus du potentiel de réduction de 25 jours d’intervalle vêlage-vêlage qu’avançait leur concessionnaire au démarrage. « Nous n’avons pas encore de recul sur les IVV. Mais en seulement un an d’utilisation des RePro, la fécondité s’est améliorée : nous avons déjà gagné 16 jours sur l’intervalle vêlage-IA fécondante alors que le cheptel était en pleine phase d’augmentation…  », termine Sylvain Bescond.

Inséminer au meilleur moment

Concernant la reproduction, Sylvain Bescond jette un œil matin et soir sur l’ordinateur. « L’objectif initial est d’inséminer une vache 48 heures après que le système l’ait déclarée en chaleur. En fonction du moment de cette détection, je peux demander un passage de l’inséminateur de préférence le matin ou l’après-midi », explique le Finistérien. Et comme l’éleveur entre dans le logiciel l’heure à laquelle chaque IA a été réalisée, il commence à bénéficier de statistiques intéressantes. Les associés se sont ainsi rendu compte que les performances sont meilleures quand on insémine plus précocement suite à la détection de la chaleur par le système : après un peu plus d’un an d’utilisation des modules, les données montrent un taux de réussite de 29 % pour une IA entre 61 et 72 heures après détection, de 35 % entre 49 et 60 heures, de 38 % entre 37 et 48 heures et de 45 % à 36 heures… « Ces tendances restent à confirmer sur un plus grand nombre de vaches. Mais il semble qu’en réduisant l’intervalle de temps entre l’alarme et le passage de l’inséminateur, nous allons encore faire des progrès. »


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