Anthony Durand, 33 ans, installé à Guignen (35) en 2017, a repris l’atelier de sélection de truies Large White Axiom de ses parents. Lors de l’installation, Anthony et sa mère, Nicole, ont fait le choix de mettre leur atelier sous air filtré. Ce changement structurel de l’exploitation est passé par un dépeuplement-repeuplement et un doublement du cheptel truie.
La vocation de sélectionneur est assez rare, qu’est-ce qui vous motive dans votre métier aujourd’hui ?
Anthony Durand : Mes parents étaient déjà sélectionneurs pour le groupement, Coopagri puis Triskalia devenu Eureden. C’est donc tout naturellement que je me suis installé dans cette spécialité, le choix m’a semblé évident. Le métier de sélectionneur est passionnant : les axes de sélection du large White évoluent régulièrement pour s’adapter aux attentes de mes collègues éleveurs naisseurs-engraisseurs (NE).
Aujourd’hui, quels sont les types de truies que vous recherchez ?
A. D. : Sur la phase maternité, avec l’équipe génétique Eureden, nous recherchons des truies autonomes et rustiques. Pour cela, nous enregistrons différents critères de réussite, tels que le nombre de nés vivants, leurs poids à la naissance et les causes de pertes sous la mère. Cela nous permet de sélectionner uniquement les truies très prolifiques avec des porcelets lourds et viables à la naissance mais aussi capables de sevrer leurs porcelets. En plus de ces données chiffrées, grâce à plusieurs grilles communes à l’ensemble des sélectionneurs Axiom, toutes nos truies sont qualifiées sur différents critères impactant leur autonomie à la mise bas : agitation, agressivité, assistance et induction. Quels que soient leurs niveaux de performances, les animaux avec une mauvaise évaluation sur ces critères ne sont pas retenus.
Quels sont les autres critères de sélection que vous travaillez ?
A. D. : Sur la phase engraissement, nous attachons beaucoup d’importance à la performance et aux fonctionnels de nos animaux. À 150 jours, nous mesurons pour chaque cochette et verrat, sa croissance individuelle, et ses qualités corporelles telles que son épaisseur de lard et de muscle. Une partie de nos animaux sont aussi élevés à la station de contrôle Axiom d’Azay-sur-Indre où nous mesurons l’indice de consommation de chaque individu. Concernant les fonctionnels, nous évaluons, de manière très stricte, la qualité des aplombs, des vulves et des tétines (pas moins de 16 tétines fonctionnelles sur nos animaux sélectionnés). Cette rigueur assure aux adhérents Eureden des animaux faciles à vivre.
Pourquoi vous êtes-vous imposé de travailler sous air filtré ?
A. D. : Nous avions l’ambition de poursuivre le travail de sélection multiplication, et après discussion avec nos partenaires, Eureden et Axiom, le choix de la filtration s’est imposé. Cet investissement permet de garantir aux naisseurs engraisseurs un haut statut sanitaire de leurs cochettes livrées.
Après quatre années d’installation, feriez-vous les mêmes choix?
A. D. : Oui, sans aucun doute. J’aime mon métier : répondre et m’adapter aux attentes et aux besoins de performances des naisseur-engraisseurs me motivent et me passionnent. Je suis impatient de retrouver mes truies et mon travail après une semaine de vacances.
Propos recueillis par Stéphane Hamonic / Eureden
L’avis de Sandrine Bernard, responsable Génétique Eureden.
Quelles sont les particularités différenciantes de l’Adénia ?
L’Adenia est une valeur sûre en qualité de produit. C’est une truie rustique et adaptable. Dans nos choix de reproducteurs pour nos adhérents, nous portons une grande attention à la qualité des aplombs ainsi qu’au nombre et à la qualité des tétines. Ce qui nous permet de fournir des cochettes faciles à conduire et capables de faire carrière. Effectivement, le renouvellement moyen des troupeaux à Eureden est de 34 %. Outre l’intérêt économique d’un taux de renouvellement faible, cela signifie surtout que nos adhérents ne subissent pas leur renouvellement. Ils peuvent choisir de faire vieillir les truies qui répondent le mieux à leurs objectifs techniques.
Quels sont les secrets du succès de cette cochette ?
Nous avons des producteurs fidèles à l’Adénia depuis de nombreuses années. C’est une cochette qui séduit et qui convainc par la qualité de ses issus. Elle reste inégalée sur les performances Uniporc avec un TMP moyen à plus de 61 pour 96,2 kg. Le tiers supérieur performe à 61,5 de TMP avec un poids de 97 kg chaud. En plus de son haut niveau de classement de carcasse, les issus d’Adénia sont très efficaces en matière de valorisation alimentaire. L’IC global atteint 2,66 chez nos adhérents en Adénia (tiers supérieur GTE 2019/2020) et les meilleurs se situent aujourd’hui entre 2,50 et 2,55 d’IC global.
En dehors des utilisateurs convaincus, est-ce que cette cochette séduit de nouveaux éleveurs ?
Oui bien évidemment, c’est une cochette qui a su s’adapter et évoluer sur ses qualités maternelles. Aujourd’hui, c’est une lignée extrêmement prolifique avec plus de 16 nés totaux en moyenne chez nos adhérents. Cette performance sur les nés s’est traduite par une amélioration nette des performances en sevrés chez nos éleveurs. Ils ont en moyenne progressé de 1,2 porcelet sevré par portée en plus en quatre ans. Nos meilleurs adhérents atteignent aujourd’hui les 14 sevrés par portée sans sacrifier la longévité de la truie.
Sur quels critères peut-on espérer des évolutions à court terme ?
C’est une truie qui a encore beaucoup de potentiel à transmettre notamment sur la partie sevrée grâce au travail de sélection sur la qualité et la maturité de la portée à la naissance et la qualité laitière des truies. Le progrès sera aussi très important sur la performance des issus puisque les niveaux atteints aujourd’hui en Large White sur l’indice et le classement laissent présager des niveaux de performances exceptionnels à court terme. C’est une truie qui a encore de beaux jours devant elle car elle répond à la nécessité de performance économique des élevages.