Pour la campagne 2021, peu de nouveaux produits apparaissent et aucune nouvelle matière active. C’est la dernière année pour le bromoxynil, et le prosulfuron et S-métolachlore font l’objet de recommandations strictes de la part des firmes distributrices.
Le bromoxynil n’a pas été ré-approuvé au niveau européen le 16 juillet dernier. Les produits contenant cette matière active perdent donc leur autorisation de mise sur le marché avec le calendrier suivant : date limite de vente et distribution au 17 mars 2021, date limite pour le stockage et l’utilisation des stocks : 17 septembre 2021. La campagne 2021 sera donc la dernière pour utiliser les stocks restants. Cette substance active était couramment utilisée en renfort d’une base tricétone + sulfonylurée pour régulariser les efficacités sur certaines dicotylédones difficiles : les cibles prioritaires étant la mercuriale annuelle, la renouée liseron ou la renouée des oiseaux mais également des dicotylédones inféodées aux céréales à paille comme le gaillet gratteron, la pensée des champs et la véronique de Perse que l’on rencontre désormais assez fréquemment en culture de maïs. Selon la flore visée, il faudra donc adapter le désherbage en choisissant des molécules de substitution présentant un spectre d’efficacité adéquat. La mercuriale annuelle est sensible aux inhibiteurs de l’ALS (Equip, Pampa, Peak) et à certains produits composés tels que Monsoon-Active/Mondine ou Calaris à condition d’intervenir sur des individus très jeunes (cotylédons + 2 à 4 vraies feuilles maxi).
La renouée liseron ainsi que la renouée des oiseaux sont plus difficiles à maîtriser et le stade au traitement est vraiment déterminant. On interviendra avant 3 feuilles avec une base tricétone + sulfonylurée renforcée par une sulfonylurée anti-dicotylédones comme tritosulfuron ou prosulfuron (Biathlon, Peak), ou encore avec Monsoon Active, Capreno ou Calaris associés à une sulfonylurée et/ou à une tricétone (voir exemples de recommandations ci-après). Face à une forte infestation de renouée des oiseaux, une pré-levée à base de pendiméthaline peut aussi se révéler très pertinente. Sur véronique de Perse, vis-à-vis de laquelle le bromoxynil était couramment utilisé en rattrapage de post-levée sur de jeunes véroniques, il conviendra d’intervenir dès la prélevée voire en post-levée très précoce avec un herbicide contenant de la pendiméthaline. Un rattrapage de post-levée est possible sur très jeunes véroniques uniquement, en renforçant le désherbage de base par un complément herbicide foliaire de contact contenant du pyridate (Onyx) ou de la bentazone. Rappelons que cette dernière molécule présente un profil écotoxicologique qui incite les firmes à émettre quelques précautions d‘emploi : une dose maximale de 1 000 g/ha/an et à éviter sur sols sensibles aux risques de transfert vers le milieu aquatique et aux sols présentant un taux de matière organique inférieur à 1,7 %.
Évolution des conditions d’emploi du prosulfuron
Une révision de l’autorisation de mise sur le marché vient modifier les conditions d’emploi des spécialités Peak et Casper. Désormais, la restriction d’emploi liée à la protection des eaux souterraines a été reformulée de la manière suivante : « Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer, tous les trois ans sur une même parcelle, plus de 20 g de prosulfuron par hectare. » Ces 20 g / ha de substance active sur 3 ans se traduisent en produit commercial par les doses suivantes : 0,0266 kg/ ha de Peak / 0,400 kg/ha de Casper maximum sur 3 ans. N.B. : la dose d’homologation du prosulfuron reste inchangée, avec une dose maximale de 15 g/ ha/an, en application unique ou fractionnée soit : Peak dose AMM : 0,02 kg/ ha/an (15 g/ ha prosulfuron), Casper dose AMM : 0,3 kg/ ha/an (15 g/ha prosulfuron)
Recommandations d’emploi pour le S-Métolachlore
La dose maximale autorisée aujourd’hui pour les herbicides à base de S-métolachlore formulé avec bénoxacor est 2,1 L/ha (1 921 g sa/ha). Les firmes proposant des produits contenant du S-métolachlore émettent des recommandations d’emploi restrictives pour les cultures du maïs, du maïs doux et du maïs semences et cultures associées anticipant les décisions supposées de renouvellement des autorisations pour les produits concernés. Ces restrictions concernent à la fois les doses d’emploi et les secteurs de mise en œuvre des traitements. Ainsi, les firmes déconseillent toute application sur les aires d’alimentation de captages prioritaires et zones sensibles, et recommandent partout ailleurs : une dose maximale de 1 000 g/ ha de S-métolachlore (soit 1,1 L/ ha de Dual GS, 1,04 L/ha de Mercantor G ou 2,5 L/ha de Camix) pour tous les maïs, une ZNT systématique de 5 m en bordure des points et cours d’eau, un positionnement de préférence en post-levée précoce et si positionnement en prélevée, préférer une application localisée sur le rang de semis.
Cette technique d’application sur le rang de semis consiste mathématiquement à réduire la dose appliquée à l’hectare en réduisant la surface traitée sur la parcelle. Ainsi, pour une bande traitée de 30 cm sur le rang d’un maïs semé à 75 cm d’écartement, la dose réelle appliquée correspond à une réduction de 60 % par rapport à l’application en plein (on ne traite que 40 % de la surface). Par exemple, pour une application de Dual Gold Safeneur à 2,1 L/ha, dose homologuée actuelle (1 921 g sa/ ha), le simple fait de loca- liser le traitement sur le rang de maïs (sur 30 cm d’un maïs à 75 cm d’écartement) consiste à apporter réellement la quantité de 770 g sa/ha dans la mesure où seulement 40 % (30/75 = 0,4) de la parcelle est effectivement traitée. D’un point de vue technique, l’utilisation du S-métolachlore n’a rien de systématique : elle doit être raisonnée en fonction de la flore attendue sur la parcelle.
Elle est toutefois difficile à esquiver en cas de forte pression de graminées estivales. Rappelons que la dose de S-métolachlore est à moduler en fonction de la cible, du type de sol et des complémentarités de produits racinaires qui peuvent être envisagées pour réduire d’une manière générale le recours aux chloroacétamides. Bien que ces recommandations soient à l’initiative des firmes et n’aient à ce jour aucune obligation légale, il n’en demeure pas moins vrai que la durabilité du désherbage du maïs, notamment la gestion des graminées en pré-levée, doit passer par un raisonnement plus fin du choix des produits et de leurs doses d’emploi en misant sur les associations de substances actives.
Efficacité des herbicides
Élodie Quemener et Vincent Bouetel / Arvalis-Institut du végétal