Lors de la table ronde organisée par la préfecture mardi 2 mars, la FDSEA et les JA 35 ont exigé que l’établissement des prix alimentaires parte des coûts de production en ferme. Des actions en GMS pourraient suivre dans le cas contraire.
« Les négociations annoncent des baisses de prix en distribution alors que les coûts des matières premières flambent dans les élevages », ont souligné Cédric Henry, président de la FDSEA 35, et Jimmy Guérin, président de JA 35, à l’issue de la table ronde qui a réuni une vingtaine de personnes autour des services de l’Etat : représentants des syndicats agricoles, des industriels et des GMS (du local au national).
« La guerre des prix perdure »
« Si l’ensemble des enseignes de distribution étaient représentées, seuls 3 industriels ont répondu à l’invitation. Cela nous questionne… » « Chacun des distributeurs a mis en avant les petits efforts qu’il réalise, mais la guerre des prix et les promos outrancières perdurent. » Les agriculteurs demandent que l’Etat fasse appliquer la loi Egalim, que les coûts de production soient pris en compte y compris sur les marques de distributeurs. « C’est possible : les interprofessions ont diffusé les données. Il ne manque que la volonté. »
Ainsi, Cédric Henry a montré qu’en tenant compte des frais de transformation, de distribution et des taxes, un litre de lait ne peut être vendu à un prix inférieur à 74 cts €. « C’est un prix minimum. Si certains distributeurs continuent à les vendre à moins cher, nous pensons aller les retirer des rayons », prévient-il. « En bio, le prix doit être de plus de 1 €. » Les syndicats vont aussi regarder de près l’évolution du prix des œufs, alors que les éleveurs réclament une hausse immédiate par les distributeurs de 1 ct par œuf. « Si rien ne change avant l’échéance du 15 mars, là aussi nous agirons. »
« Comment installer ? »
Et de poursuivre : « La GMS a engrangé plus 7 milliards € de chiffre d’affaires (+ 6,3 %) en 2020 malgré une déflation des prix (moins 0,4 %). Ces résultats sont dus entre autres à la mise en place du seuil de revente à perte (SRP) qui a rapporté 600 millions € jamais redistribués. Les agriculteurs demandent la reconnaissance de leur travail, des efforts consentis pour plus de traçabilité, de qualité, d’environnement. » Jimmy Guérin ajoute qu’il est difficile d’envisager des installations devant un tel manque de perspectives, avec des prix si peu rémunérateurs… « La végétalisation guette la Bretagne. »