La coopération agricole a fixé le cap. Mais pour certains experts, la neutralité pourrait cependant exiger un effort encore plus drastique : réduire le volume de production.
Par la voix de leur président, Dominique Chargé, les coopératives se sont fixé un nouveau cap : « Atteindre le zéro émission nette en 2035 ». Le périmètre se veut aussi ambitieux que l’objectif, et comprendra tous les gaz à effet de serre « de la fourche à la fourchette ».
S’attaquer aux transports
Dans un entretien avec Agra Presse, Dominique Chargé a toutefois accepté d’évoquer certaines des pistes actuellement explorées. En matière d’émissions, les coopératives s’attaqueraient tout d’abord aux transports. « Il y a une chaîne logistique énorme qui mérite qu’on réfléchisse à sa rationalisation, et qu’on se penche sur la façon dont on peut l’alimenter avec des énergies moins carbonées », confie le patron des coopératives.
Le renforcement du stockage de carbone est également évoqué. « Le puits de carbone de nos activités est aujourd’hui sous-estimé, notamment au niveau des sols. Nous avons donc besoin d’outils supplémentaires pour mieux comptabiliser ce carbone, et mieux le valoriser », explique Dominique Chargé. Atout majeur des coopératives sur ce volet : les calculs incluront « la section forêt, qui vient faire de la compensation », reconnaît-il.
Pour certains experts, dont Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project et membre du Haut Conseil pour le climat, tous ces efforts ne suffiront pourtant pas à répondre à l’urgence climatique.
Compatibilité ?
« La baisse des émissions de CO2 est très peu compatible avec une croissance de la production quelle qu’elle soit », a plaidé le polytechnicien devant les coopérateurs. Sa synthèse en aura sans doute surpris plus d’un : « Si l’on veut être sérieux sur le climat, il faut diviser le nombre de vaches par deux. »