Avec l’objectif du 100 % bio à atteindre dans l’alimentation des élevages bio au 1er janvier 2022, quid de la place des protéagineux ?
Des changements se préparent dans l’alimentation des monogastriques dans les élevages biologiques. Si la proportion d’aliment bio est aujourd’hui à 95 %, elle devra être à 100 % à partir du 1er janvier 2022, excepté pour les jeunes animaux (volailles de chair/poulettes et porcs de moins de 35 kg) pour qui cette obligation ne rentrera en vigueur qu’en 2026. Une réglementation décalée dans le temps à cause de la Covid-19, mais dont l’échéance arrive vite et qui pose de nombreuses questions.
Aujourd’hui, pour maintenir les performances techniques, « on intègre dans les aliments du gluten de maïs et des concentrés de protéines de pomme de terre, co-produits issus des filières d’amidonnerie. Mais cette filière bio n’existe pas en France », explique Antoine Roinsard, de l’Itab, lors d’un colloque sur les grandes cultures bio, le 4 février. Tourteaux de soja, tournesol, colza, sésame, lin… présentent des intérêts techniques pour équilibrer les formules alimentaires en lysine et méthionine tout en maîtrisant les teneurs en protéines. Reste le problème de leur disponibilité, de leur coût et de leur origine, avec un recours obligatoire à l’importation. « Les protéagineux, quant à eux, vont avoir plus de mal à trouver leur place, ce qui risque d’avoir un impact sur la sole française », note Cécile Le Gall, de Terres Inovia. Incorporés de 4,5 à 5 % dans l’aliment du bétail, leur utilisation était déjà limitée avant cette évolution de la réglementation. « Malgré différents leviers qui vont pouvoir être actionnés, leur utilisation – hors autoconsommation – va baisser, ce qui aura un impact sur le marché des matières premières avec une baisse des prix et, faute de débouchés, un risque de diminution des engagements de collecte sur certains territoires… ».