Le projet de restructuration du Gaec du Pas de la Roche est emblématique de la difficulté des éleveurs à moderniser leurs élevages. Surtout en zone de faible densité porcine.
Dialogue de sourds entre le collectif d’opposants et les quatre éleveurs associés, gérants d’une exploitation de 175 hectares, avec 120 laitières et 250 truies, à Saint-Gildas des Bois (44), à la frontière sud-est du Morbihan. Ceux-ci ont pour projet de restructurer leur élevage porcin. 80 % de leurs charcutiers sont actuellement engraissés dans des porcheries extérieures. Ils veulent refaire leurs bâtiments de post-sevrage et d’engraissement existants, trop vétustes. Ils veulent surtout construire une nouvelle porcherie pour engraisser 85% de leurs porcelets sur place. Un cas classique en Bretagne, ces dernières années. Pas une truie en plus, simplement le souhait de rationaliser leur élevage. Les opposants évoquent la pollution due à une surpopulation animale dans le secteur géographique. Les éleveurs répondent qu’il n’y a que trois élevages de porcs dans le canton.
« Nous construirons notre nouveau bâtiment sur un espace déjà construit ; il n’y a pas de consommation de foncier. Les effluents subiront une séparation de phase ; la partie solide sera exportée vers l’unité de méthanisation de la Cooperl à Lamballe. Le gaz produit servira à chauffer l’équivalent d’une vingtaine de foyers. La partie liquide sera utilisée comme fertilisant sur les terres de l’exploitation ». Les détracteurs parlent de ferme usine. Les associés rétorquent qu’à l’actif (5 UTH, dont un salarié), la ferme représente une vingtaine de vaches et cinquante truies sur 35 hectares. Un Gaec familial, loin des unités « intégrées » de milliers de truies chinoises, américaines, russes ou espagnoles, contre lesquelles il doit parfois lutter sur le marché mondial, voire dans les rayons des supermarchés français.
Virus et pandémies
Les opposants affirment que les élevages confinés (porcs, volailles) sont des espaces privilégiés pour le développement des virus à l’origine de pandémies. Le groupement répond « qu’il n’existe pas d’exemple connu et rapporté de pandémie humaine directement attribuable à l’élevage d’animaux de production, qu’il s’agisse d’élevage intensif ou pas. Les maladies émergentes proviennent de la faune sauvage qui constitue un réservoir d’agents pathogènes ». Le collectif considère qu’alimenter ces élevages intensifs oblige à défricher des forêts primaires et à entrer en contact avec de nouveaux virus. Ils déplorent également la maltraitance animale. « Nous sommes des animaliers passionnés et respectueux de nos bêtes », assurent les éleveurs. Ils élèvent leurs truies sur paille, pendant la gestation. Depuis 2013, leurs porcs ne sont pas castrés. Ils évoquent également le système herbager qui prévaut au niveau de l’élevage laitier. « Nos vaches pâturent » disent-ils fièrement.
Conseil municipal favorable
La qualité de la production du Gaec du Pas de la Roche est également mise en doute. « Nous vendons une petite partie de notre lait en direct, dans des boulangeries du secteur. Nous nous engagerons dans la production de porcs élevés sans antibiotiques de la naissance à l’abattage, à condition de pouvoir construire des bâtiments adaptés à la biosécurité », argumentent les associés. Une évolution qui leur permettrait de démarquer leur production, monter en gamme et résister la concurrence des intégrateurs étrangers. Des associations anti-viande ou anti-élevage étaient présents lors de la manifestation du samedi 27 février, à Saint-Gildas, contre le projet. « L’agribashing risque d’accélérer la diminution du nombre d’agriculteurs, au profit d’importations incontrôlées ou pire, de multinationales qui proposeront bientôt de la viande artificielle ». L’enjeu, c’est tout simplement la souveraineté et les traditions alimentaires. « C’est vrai que les agriculteurs ont fait des erreurs dans le passé : le tout chimique, le manque de communication… Cette période est révolue » Le conseil municipal a voté, à l’unanimité, en faveur du projet. Le dossier est en consultation publique jusqu’au 15 avril prochain (le collectif demande une enquête publique). Le Préfet prendra sa décision à l’issue de cette période.
Faire des réunions publiques pour informer
Nous entretenons de bonnes relations avec le voisinage. Les opposants, en majorité adhérents d’associations, viennent d’ailleurs. Peu sont de Saint-Gildas. Nous n’avons pas organisé de réunions d’information publiques pour parler de notre projet. Nous l’envisageons. Ma compagne est allée incognito à la manifestation qui a réuni 150 opposants samedi (27 février). Elle a remarqué que les habitants de la région présents étaient là pour s’informer et pas forcément pour contester. Les associations font de la désinformation. Nous aurions dû anticiper au niveau de la communication pour apaiser les tensions ou éviter qu’elles ne surviennent. Sébastien Leray, associé du Gaec
Michenot
La Confédératioin paysanne des Pays de Loire a pris position sur ce dossier, en disant qu’il ne s’agissait pas d’une augme,ntation de production, mais d’une réorganisation, et que par associé cela représentait plutôt une ferme de petite dimension..Il faut écouter avant de juger, concluent ils !