Les chutes mortelles, ou nécessitant une euthanasie, représentent les 2/3 des pertes de gros bovin, selon une étude récente du GDS Bretagne.
Depuis juin 2019, le GDS Bretagne bénéficie d’un nouveau service, l’alerte mortalité gros bovin, qui recense, à partir de la mise à jour des inventaires des cheptels, les élevages qui ont perdu 4 animaux sur un mois.
Fatalité ou manque de chance ?
Dans le cadre des suivis épidémiologiques des maladies, les élevages concernés sont contactés pour repérer les causes de ces événements sanitaires. Après un an d’investigation, et près de 300 éleveurs interrogés, le premier bilan a pu être établi lors de l’été 2020. « Si des causes infectieuses sont relevées, les 2/3 des pertes d’animaux sont liés à des traumatismes nécessitant des euthanasies », relève Loïc Maurin, vétérinaire au GDS Bretagne. Avant de poursuivre : « Des pertes souvent mises sur le compte de la fatalité, du manque de chance… Cependant, vu l’importance du nombre de cas, on peut l’imputer à un réel problème sanitaire. »
Une diversité de matériau au sol
Maladies métaboliques post-vêlage, autre désordre métabolique ou boiterie dans une moindre mesure… Un animal fragilisé par un facteur sanitaire, tenant mal sur ses pattes, est d’autant plus sujet à une glissade ou une chute fatale si l’organisation de la circulation n’est pas optimale ou si le sol est glissant. « Les sols doivent en effet être non glissants, propres et secs en permanence, confortables et abrasifs, pour l’usure naturelle des onglons », note Daniel Le Clainche, référent technique au GDS Bretagne. « Idéalement, pour répondre à ces critères, un bâtiment doit comporter des sols mixtes : béton, tapis et un autre revêtement plus abrasif. »
Réfléchir à l’implantation des équipements
De même, pour la circulation des animaux, « il faut veiller à ce que les couloirs soient les plus larges possible, pour empêcher les points de blocage des animaux. Éviter les marches, qui peuvent pénaliser les déplacements des animaux. Et si ces dernières sont nécessaires, leurs arêtes ne doivent pas être abrasives mais arrondies ou biseautées, pour limiter les lésions sous les sabots. Une réflexion à l’implantation des équipements (abreuvoirs, brosses, robots, etc.) est également indispensable sur les sols en béton, en particulier quant à leur disposition et un éventuel mur à proximité. Enfin, il faut éviter la présence de culs-de-sac dans le bâtiment », précise-t-il.
Penser aux pentes transversales dans les aires d’exercice
Et pourquoi pas un sol en asphalte ?
Les différents essais menés avec des sols en bitume ont été peu concluants – ils ne résistent pas à l’acidité des urines des animaux –, mais ils restent dans les mémoires en Bretagne. Souvent confondu avec ce bitume, l’asphalte ne trouve pas encore sa place. Pourtant, pour rénover un béton usé ou créer des zones abrasives, ce matériau est un excellent support.
L’asphalte est constitué d’un mélange de craie broyée, à laquelle on ajoute 4 à 6 % de bitume coulé à chaud sur un béton déjà existant, recouvert d’un sable. « C’est un bon matériau abrasif et très résistant intéressant à placer dans les espaces à forte circulation des animaux », insiste Daniel Le Clainche, référent technique au GDS Bretagne.
Sa forte abrasivité ne lui permet pas de constituer un sol entier du bâtiment. « Tout comme le béton, il trouve toute son utilité lors d’aménagements de bâtiments avec des sols mixtes », ajoute l’expert.