Azote

Sans azote pas de rendement. D’aucuns l’oublieraient presque tant on mène la guerre à cet élément fertilisant depuis 30 ans. Après la chasse aux nitrates dans l’eau qui vaut aujourd’hui à la Bretagne d’être citée en exemple, demain viendra la lutte contre sa volatilisation dans l’air. Le report de la taxe sur les engrais azotés n’est qu’un pis-aller. Le sujet reviendra rapidement sur la table. Car les engrais azotés sont responsables de l’émanation d’ammoniac favorisant les particules fines et de protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2. La fraction de l’azote chimique qui s’évapore après épandage, évaluée à la moitié de la production mondiale, « chauffe » en fait deux fois l’atmosphère : une première fois quand on le fabrique – chaque unité nécessite l’équivalent d’un kilo de pétrole – et une seconde fois lorsqu’il se volatilise. Souligné de rouge par la Banque mondiale, l’azote chimique sera appelé à subir une sévère cure d’amaigrissement dans les années à venir. Ce sera une obligation environnementale et sanitaire. À cet égard, la Bretagne a une chance inouïe : celle d’avoir gardé un système de polyculture élevage grand producteur d’azote organique. Réminiscence des années 70 quand les agriculteurs construisaient des porcheries pour avoir du lisier, les effluents d’élevage redeviendront l’or noir agricole qui a permis à la région d’enrichir les terres à l’origine trop maigres. En ayant des « machines animales » capables de produire de l’engrais sur place, les éleveurs auront un avantage concurrentiel dans quelques années. Et une empreinte environnementale plus neutre : pas besoin d’énergie fossile pour produire l’azote animal ; possibilité de minimiser les fuites dans l’atmosphère grâce à l’enfouissement….

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