Rebelote. Pour la seconde année, le début du printemps rime avec confinement. Télescopage contre-nature d’un enfermement imposé aux humains aux beaux jours et d’une explosion de la nature que rien ne peut endiguer. Et c’est ainsi depuis des millions d’années : le printemps signe le débourrement, l’éclosion de la vie. Dès lors, toutes les plantes s’activent à remplir une même mission dans le court-temps imparti par la belle saison : assurer le renouvellement des espèces, conquérir de nouveaux espaces. Pour ce faire, la nature n’est pas avare d’énergie et d’imagination. Il n’est qu’à voir avec quelle vitalité un pissenlit brouté déploie en quelques jours un nouveau capitule à bonne hauteur ; comment un plantain lancéolé fauché érige promptement une nouvelle inflorescence. Bonne graine et ivraie usent pareillement de ruse, de combine et de ténacité pour être là demain. Pour preuve, plusieurs millénaires d’agriculture n’ont pas réussi – et ne réussiront jamais – à mener la lutte totale contre les adventices. Pour un mal, pour un bien…
En fait, l’agriculture compose, davantage qu’elle ne s’impose, avec toutes lois de la nature. Elle s’insère dans son calendrier serré, parfois aléatoire sur le plan météorologique et, disons-le, surtout magique qui transforme la lumière du soleil en énergie alimentaire pour les animaux et l’homme. À tous ces égards, il n’est pas superflu de répéter qu’agriculteur est l’un des plus beaux métiers que l’homme ait inventés. Ce métier qui consiste à canaliser les forces de la nature, à les soutenir par des intrants et des techniques, pour assurer notre subsistance qui, sans ce travail, ne serait pas garantie. Alors de confinement pour les tracteurs point de temps par temps de débourrement… et heureusement.