Les produits issus de la méthanisation apportent des éléments fertilisants intéressants. Jacques Fuchs conseille toutefois d’être prudent lors d’apports de volumes conséquents. Le passage de lisier dans une unité de méthanisation change la composition de celui-ci, avec « une baisse liée à la minéralisation des matières organiques (-20 à 30 %) et de l’azote organique, mais une augmentation de l’azote ammoniacal (+10 %) », énumère Jacques Fuchs, du centre de recherche en agriculture suisse FiBL. Le chercheur intervenait lors de la journée organisée par le Comifer, afin de faire le point sur les connaissances sur l’utilisation de ces matières épandues. « Les risques de perte d’azote ammoniacal sont plus forts avec le lisier méthanisé lors de l’épandage. En revanche, il favorise la présence de vers de terre et contient moins de graines d’adventices viables ». Attention au pH En comparaison à un lisier brut, le lisier méthanisé affiche un pH plus haut, pouvant monter jusque 7,5 ou 8. Selon une étude menée en Autriche et suite à un apport de 50 m3/ha, la valeur pH du sol observé (pauvre en calcaire) a baissé de 5,4 à 4,6 en l’espace de 4 semaines… Cette diminution brutale s’explique par « l’apport d’ions K s’échangeant sur les complexes de sorption. Le problème est le même pour les forts apports de lisier brut, mais est accentué avec le digestat, c’est pourquoi il est conseillé de fractionner les apports ». Dans cette étude, la stabilité des agrégats a aussi baissé de 10 %, l’infiltration de l’eau de 15 %….
Digestat : Amis ou ennemis des sols ?