Les formations « Cultivons Autrement » se poursuivent en ce début d’année. Au fur et à mesure des rencontres, les agriculteurs des 11 groupes de progrès Eureden affinent les thèmes à aborder. Des producteurs de lait des Côtes d’Armor, répartis dans 3 de ces groupes, ont émis le souhait de consacrer une journée à la relation entre les fourrages et la productivité laitière. Elle a été organisée le 13 mars dernier.
Le rendez-vous était donné à 10 h à l’EARL de Coatillou à Louargat (22) pour visiter la plateforme fourragère et découvrir le système de production basé sur le pâturage des 80 vaches normandes. Après le bol d’air en matinée, le groupe s’est retrouvé à la salle polyvalente de Ploumagoar pour un point technique sur l’autonomie alimentaire des animaux réalisé par Jean-Luc Le Bénézic, consultant en agroécologie, et Cyril Urlande, vétérinaire bovins Eureden.
Approche globale de l’exploitation
Le contexte général est porteur pour le pâturage avec des consommateurs qui veulent voir les vaches dehors et cette volonté de réduire notre dépendance au soja importé. Avant toute chose, le producteur de lait doit se poser les bonnes questions technico-économiques concernant son système de production et surtout prendre en compte ses capacités que ce soit au niveau de son parcellaire ou du nombre de vaches. Finalement, il faut viser l’approche globale de l’exploitation pour maîtriser tous les paramètres, de l’analyse du sol jusqu’à la performance, la productivité et la santé de l’animal. Il va sans dire que sans le travail de la plante (rotations diversifiées, plantes compagnes, couverts permanents), la boucle n’est pas bouclée.
[caption id= »attachment_53836″ align= »aligncenter » width= »720″] Merci aux témoins ! Chaque système est différent, à chacun de trouver les bons compromis pour progresser techniquement et économiquement.[/caption]
Bonnes pratiques
En théorie, l’herbe peut être donnée sans fourrage jusqu’en mai et correspond aux besoins de la vache mais à condition d’être à volonté, ce qui est de moins en moins le cas. Attention également à l’incidence du stade d’exploitation sur l’énergie : entre le stade feuillu et la floraison, l’énergie peut vite devenir limitante à l’utilisation de la protéine. Côté sol, il est nécessaire d’en connaître l’activité et son équilibre pour bien raisonner les apports. Par ailleurs, le couvert interculture est un protecteur du sol. Utilisé en dérobée, c’est un complément de fourrages pour les ruminants. Pour bien maîtriser la ration herbagère, il faut avoir les bons repères en tête et connaître les besoins journaliers du troupeau. Se munir d’un herbomètre est utile pour jauger l’optimum 8-12 cm : à 12 cm, on autorise l’accès, à 8 cm, tout le monde sort. Sachant qu’1 cm d’herbe équivaut à 220 kg de MS / ha, on peut adapter la complémentation à l’auge.
Voici un léger aperçu de tout ce que les équipes Eureden et les agriculteurs présents ont abordé dans la journée. Des éclairages ont été apportés sur l’optimisation de son pâturage quelle que soit la surface disponible, sur la valorisation de la protéine par la complémentarité des fourrages mais surtout sur quelle autonomie pour quelle production laitière.
Témoignages : quelle est votre analyse de cette journée ?
• Arnaud et Nicolas : « Cette réunion technique est une occasion de sortir de notre quotidien et de récupérer des astuces pour améliorer l’autonomie alimentaire, les rendements d’herbe mais aussi échanger avec les autres agriculteurs et les équipes Eureden. On peut éventuellement revoir notre façon de travailler et se donner de nouveaux challenges. L’idée, c’est, au final, d’être heureux et à l’aise dans son système. »
• Benjamin et Joris : « Il faut savoir se remettre en question si on veut être là demain et être le plus juste possible dans son système. C’est important d’être ouvert d’esprit et à l’écoute des autres. On observe que le volume n’est pas toujours synonyme de rentabilité. On a aussi apprécié d’échanger avec Romain et Émilie sur leurs choix techniques au niveau du pâturage et de la gestion des paddocks. »
• Mathieu et Benoît : « On a tous des systèmes différents avec des surfaces hétérogènes mais la recherche d’autonomie nous rassemble. Il faut savoir piocher les astuces qui peuvent nous faire progresser dans notre système. La journée est dense, on a eu beaucoup d’informations l’après-midi en salle après une matinée sur le terrain à découvrir le système fourrager des agriculteurs qui nous recevaient. »
Carole Perros / Eureden