Pour l’américain John Kempf, l’évolution des pratiques vers une agriculture régénérative – approche agronomique visant à augmenter la biodiversité microbienne du sol et son taux d’humus – favorise des plantes en bonne santé devenant résistantes aux maladies et insectes.
John Kempf, agriculteur américain et pionnier en nutrition végétale, a élaboré un schéma de la santé végétale en forme de pyramide à 4 étages. Il y décrit comment sols et plantes cultivés deviennent de plus en plus résistants face aux ravageurs et aux maladies.
Intensifier le processus de photosynthèse
Le socle de santé des plantes est la photosynthèse. Aujourd’hui, on considère comme normal qu’une plante n’exprime que 25 % de son potentiel génétique photosynthétique. Or, si les plantes sont bien alimentées, cette capacité augmente et s’approche de leur réelle capacité, soit 3 à 4 fois plus d’efficacité. Cette étape cruciale, sans laquelle aucune des 3 étapes suivantes ne peut être activée, doit servir à libérer des exsudats racinaires en quantité et qualité satisfaisantes pour mettre en route le processus de liaison entre les microbes du sol et les racines. Pour cela, il faut s’assurer que les plantes ont accès à des taux suffisants de magnésium, fer, manganèse, azote et phosphore : toute carence induit une diminution de la photosynthèse et donc de la production de sucres et d’exsudats.
Synthèse totale des protéines puis synthèse lipidique importante
Une fois cette étape validée, dans la 2e phase, les plantes convertissent l’ensemble des composants azotés solubles en acides aminés et protéines complètes afin qu’il n’y ait plus de nitrates, ni d’ammonium restant dans la sève. Par ce processus biologique, elles deviennent beaucoup moins attractives pour les insectes au système digestif simple (larves, insectes suceurs). Pour y arriver, à nouveau, les plantes ont besoin de taux suffisants en magnésium, soufre, molybdène et bore.
Mais la conversion de nitrates en acides aminés est énergivore. Pour atteindre la phase suivante (niveau 3), les plantes doivent donc favoriser la nutrition sous forme de métabolites microbiens relargués directement sous forme d’acides aminés. L’absorption d’éléments nutritifs fournis par cette intense activité biologique rhizosphérique (microorganismes associés aux racines) conduit alors les plantes à stocker un surplus d’énergie sous forme de lipides (graisses végétales, huiles). Lorsqu’il y a une très bonne activité biologique dans le sol, la synthèse lipidique est 2 à 3 fois plus importante. Une plante en bonne santé peut ainsi atteindre 4 à 6 % de lipides dans sa matière sèche contre 1,5 à 2 % en culture conventionnelle. À la clé, une meilleure résistance aux pathogènes aériens bactériens et fongiques (mildiou, rouille…) : leur activité enzymatique au contact des feuilles est inhibée par la sécrétion d’huile. Une brillance à la surface des feuilles est alors observée.
Des métabolites secondaires contre les coléoptères
Enfin, au dernier étage de la pyramide de Kempf, la plante en bonne santé est capable de produire de manière importante des composants immunitaires et métabolites secondaires, grâce à des micro-organismes présents aussi bien dans le sol proche de ses racines (rhizosphère) qu’en surface (phyllosphère), afin de faire face plus aisément à l’ensemble des coléoptères, nématodes et virus. Elle est aussi plus productive et de meilleure qualité nutritionnelle.
Soigner la fertilisation pour passer les paliers
Florent Cotten / PâtureSens