Tout autant pépinière nourricière, jardin de promenade et lieu de transmission, Herbarius ne manque pas de ressources.
Enfant, Florence Goulley menait déjà un petit jardin. Un attachement à la terre transmis par ses grands-parents vignerons dans la Vallée de la Loire. « Mon rêve de petite fille était de cultiver un terrain près de la mer. » Un rêve qu’elle a exaucé il y a plus de 15 ans en s’installant à Planguenoual (22) après une première carrière d’enseignante en écologie.
« De la biodiversité aussi dans le travail »
À 1 km de la côte, sur 3 ha orientés sud de sol peu profond, l’amoureuse de la nature a créé une réserve verdoyante pour accueillir ses impressionnantes collections végétales accumulées depuis toujours : plantes potagères et médicinales, sauvages comestibles, aromatiques et condimentaires, fleurs à manger, plantes à bonbons ou à tisanes, arbres qui soignent… « Herbarius est un lieu d’équilibre écologique et de pédagogie active où l’on peut transmettre les pieds et les mains dans la terre », sourit Florence Goulley, entourée ce jour-là d’adultes en BPREA venus de trois lycées agricoles bretons. Ce carrefour d’apprentissage est une étape courue : « Voyageurs en woofing, stagiaires, apprentis permaculteurs, personnes sans emploi qui veulent pratiquer en m’aidant… » Depuis quelques années, l’hôte note la tendance à la reconversion professionnelle, encore accentuée par la Covid-19, poussant certains à se tourner vers « la terre nourricière et une existence plus simple ». Les apprenants défilent à l’école de la pratique. « Le matin dans les serres, l’après-midi dans les jardins… Nous essayons de ne jamais faire la même chose plus d’une demi-journée. L’équilibre naît aussi de la biodiversité dans le travail », explique l’espiègle cultivatrice.
[caption id= »attachment_53818″ align= »aligncenter » width= »720″] Florence et son petit-fils présentent la serre qui abrite les plants en godet de 50 variétés de tomates sélectionnées pour leurs goûts, leurs multiples couleurs et leur rusticité.[/caption]
En arrivant, Françoise Goulley a d’abord créé son jardin médiéval et médicinal. Développé autour d’un point fort central (« un arbre ou une fontaine »), cet ensemble géométrique de micro-parcelles délimitées par de petites haies de buis parle tout autant de botanique qu’il nous raconte l’histoire et la manière de se nourrir ou de se soigner au Moyen-Âge. Un carré est même réservé aux plantes magiques comme la rare mandragore.
Sur sa terre caillouteuse, année après année, la passionnée a continué à installer la vie et à expérimenter en mettant en œuvre de nouveaux espaces. Le jardin amérindien montre les plantes arrivées en Europe suite aux voyages de Christophe Colomb et des grands explorateurs. S’enchaînent ensuite les jardins des croisades, des bonbons avec ses guimauves ou son amandier, de l’Inde et de la Chine et son arbre à épines qui donne le poivre de Sichuan. En contrebas, plus récent, un petit verger conservatoire de pommiers, poiriers et pruniers… « J’essaie de créer un nouveau jardin tous les ans. » Et les idées ne manquent pas pour enrichir la promenade d’Herbarius. « Je prévois un jardin à purins avec la tanaisie, l’ortie, la consoude, la rue, le pyrèthre. Des plantes à préparer en décoction pour soigner les plantes… »
[caption id= »attachment_53820″ align= »aligncenter » width= »720″] Le jardin médiéval, à l’organisation géométrique, au sortir de l’hiver.[/caption]
Le potager pour les nuls et les experts
De mars à juin, Florence Goulley reçoit aussi tous les matins (9 h-12 h) pour valoriser son travail de pépiniériste. L’endroit rêvé pour enrichir son propre jardin. « On commence par le potager pour les nuls », lance-t-elle tout sourire. « Petits pois, carottes, salades, courges… Je recommande aux débutants des choses faciles à cultiver. J’associe des plantes en plaçant les godets dans un carré devant eux pour qu’ils se projettent. » Mais les collectionneurs et les jardiniers avisés trouveront également leur bonheur. Depuis trois ans, Herbarius a même fait son entrée dans le réseau « Potagers de France » qui distingue les jardins nourriciers d’exception ouverts à la visite. Il y en a 75 en France, seulement 3 en Bretagne. « Je commercialise quasiment toute la collection des légumes vivaces très recherchés en permaculture », précise la Costarmoricaine. Ainsi, au rayon des légumes étonnants ou méconnus « dont la végétation est parfois luxuriante », il y a du choix et même quelques espèces presque introuvables ailleurs. Poire de terre, capucine tubéreuse, kiwano, poire-melon, chayotte, fleurs à manger…
De même, pour relever les assiettes, la liste des condimentaires à adopter est longue : aneth, cerfeuil, rau ram (coriandre vietnamienne), pipicha, basilic vivace, poivre… « Ainsi qu’un estragon suisse, si rustique que je le garantis à vie. » Sans oublier ces plantes surprenantes apportant un goût de curry, d’huître, de fromage ou de champignon dans les salades ou encore l’aspérule odorante, « la vanille de Bretagne »… Parmi ses 40 variétés, elle recommande la menthe fraise pour la salade de fruits, la menthe-coq pour digérer un repas un peu gras, la polyvalente et parfumée menthe marocaine pour les nems… Les conseils de culture de Florence Goulley s’accompagnent bien souvent de recettes ou de suggestions culinaires pour passer de bons moments au jardin comme à la maison.