Stigmatisé sur le plan environnemental, relégué au rang des symboles d’une agriculture intensive qui serait non désirable, le maïs à la vie dure dans l’opinion. Sans doute le fruit d’une certaine méconnaissance des atouts réels de cette plante. Car, c’est bien connu, l’ignorance est meilleur terreau que la connaissance pour faire germer les croyances. Qu’importe la doxa, l’image du maïs reverdit et se ragaillardit. Y compris chez des agriculteurs bio dont le premier acte d’émancipation lors de leur conversion fut d’abandonner cette culture. Dans leur système, le maïs se révèle en fait être l’allié de l’herbe pour apporter l’énergie et « garder les vaches » (en état). Et puis, en 70 ans d’implantation sur les terres bretonnes, cette plante tropicale a prouvé sa constance de rendement. Ce qui lui vaut le sceau de « fourrage sécurité » pour constituer des stocks quand la pluie se fait chiche comme cette année. Rebondissement, le maïs montre aussi sa capacité à se passer de la chimie. L’ère des bineuses truffées de technologie est en train de le placer en tête de course des cultures toujours plus vertes. 100 quintaux sans herbicide et sans fongicide lui sont à portée d’épi. Car le maïs, avec son régime d’athlète affûté pour des temps de végétation courts, transforme en énergie noble les déjections animales et l’azote minéralisé après prairie. En moins de 80 jours, le maïs montre cette étonnante capacité à transformer un champ nu en « forêt amazonienne » des latitudes bretonnes. Ce qui lui vaudrait aussi un titre de champion de culture agricole pour captation du carbone. De là, à redevenir une plante sacrée comme au temps des Mayas ? Auguste, le maïs l’est assurément chez les agriculteurs bretons puisqu’ils en sèmeront encore plus de 400 000 ha cette année. …
Temps de maïs