Aurore Célard a rejoint son mari Hervé sur l’exploitation laitière en développant une activité Agrikolis qui permet aux clients de certaines enseignes de vente par Internet de venir récupérer leurs colis volumineux à la ferme. En parallèle, elle a ouvert un magasin de vente de produits agricoles locaux pour profiter de la venue de ces clients potentiels.
Lorsqu’Hervé Célard a repris l’exploitation familiale, située à Ambon (56), tenue par son père, son grand-père avant lui et fondée par son arrière-grand-père, il était primordial de pouvoir se dégager du temps pour sa famille, prendre des week-ends et partir en vacances. « Je me suis installé à l’âge de 37 ans après une expérience de 5 ans comme responsable marketing chez Lely France, je n’avais donc pas la même vision ni les mêmes objectifs qu’une personne qui s’installe à 20 ans. » Il décide donc de diminuer l’atelier bovin viande pour se spécialiser en production laitière. En 3 ans, il passe de 200 000 litres à 1 million de production grâce à une opportunité de sa laiterie. Dans le même temps, il investit dans une stabulation neuve équipée de 2 robots de traite. « L’idée était d’atteindre rapidement une taille d’élevage permettant d’embaucher pour dégager du temps libre et de robotiser pour gagner en souplesse et en confort de travail », explique Hervé Célard. Aujourd’hui, l’éleveur emploie 2 salariés à mi-temps avec le groupement d’employeur Solutis et fait appel à 2 extras qui font chacun un week-end d’astreinte par mois. En fonctionnant ainsi, l’agriculteur peut profiter de sa famille 3 week-ends par mois.
Un concept original
Depuis un an, l’éleveur produit du lait commercialisé par Intermarché sous l’appellation « Non-OGM et pâturage ». Une partie du lait produit est valorisée sous la marque « Les éleveurs vous disent merci » assurant un prix payé au producteur de 0,44 €/litre. « Cela représente déjà 10 % du volume de lait collecté par la laiterie. La valeur ajoutée que cela génère est redistribuée sur la totalité de la production des éleveurs de notre OP. » Cette soif d’entreprendre doit être contagieuse puisqu’Hervé l’a transmise à sa femme. Un peu lassée du rythme imposé par son travail de responsable commerciale, Aurore Célard se dit qu’il y a certainement la possibilité de développer un projet de vente directe sur la ferme. « Ambon est une commune de 2 000 habitants qui totalise 20 campings. La ferme se situe à 2 km de la mer », précise-t-elle. Mais l’aventure ne débute pas par la vente à la ferme et c’est suite à la découverte de l’entreprise Agrikolis dans un reportage que le couple se projette sur cette nouvelle activité. « C’est un concept original qui consiste à venir récupérer des colis volumineux ou pesant plus de 30 kg à la ferme pour un coût inférieur à 10 €. La livraison à domicile de ce type de colis est facturée normalement entre 40 et 60 €, en plus il faut être disponible pour la réception ce qui nécessite parfois de poser une journée de congé. »
[caption id= »attachment_55865″ align= »aligncenter » width= »720″] Les clients viennent récupérer entre 20 et 30 colis chaque semaine à la ferme.[/caption]
Une rentrée d’argent de 300 à 400 €/mois
Après une rencontre avec les fondateurs de l’entreprise Aurore se lance dans cette activité. Il suffit d’un hangar sécurisé pour stocker les colis, d’un transpalette pour démarrer et de proposer au moins 4 créneaux d’au moins 2 heures dont un le week-end pour que les clients puissent retirer leurs colis. « Je reçois tous les colis le vendredi matin, cela représente entre 20 et 30 colis chaque semaine, ensuite les clients peuvent venir les récupérer du mercredi au samedi. Cette activité Agrikolis assure une rentrée d’argent de 300 à 400 € chaque mois en diversification sur l’exploitation », indique-t-elle. Elle est aussi devenue ambassadrice de la société ce qui l’amène à auditer les exploitations souhaitant développer cette activité. Avec un an et demi d’expérience, Aurore ne manque pas d’anecdotes, comme le jour où un client est arrivé en Twingo pour récupérer un réfrigérateur américain…
« Une autre fois c’est une personne qui est arrivée avec un monospace et une remorque pour charger 10 gros colis, mais cette fois tout est rentré. Lors du premier confinement, en mars 2020, nous avons vu les tendances d’achat des Français. Nous recevions beaucoup de piscines, Spa, vélos électriques ou encore des caves à vin. Alors qu’en temps normal, ce sont plutôt des meubles, tondeuses, matelas/sommiers, de l’électroménager… Nous avons des pics d’activité à Noël, lors des soldes et au moment du Black Friday. » Et Aurore Célard de conclure : « Cette activité permet de faire venir un public assez large et tous horizons sur la ferme. Certains pensent que c’est un point de retrait comme il en existe beaucoup et ils se retrouvent sur une ferme, la première fois ils sont vraiment surpris. Cela nous donne l’occasion de parler positivement du métier d’éleveur et de casser certaines idées reçues. C’est une bonne façon de recréer du lien avec des consommateurs qui sont de plus en plus éloignés du monde agricole. »