La Bretagne manque de sites de production de peuplier pour être autonome. Un guide reprenant les avantages de cette sylviculture particulière vient de sortir, pour encourager son développement.
« En sylviculture, le peuplier a une place particulière : son cycle de production dure 20 à 25 ans, chaque arbuste planté est récolté », précise Arnaud Guyon, président du Centre National de la Propriété Forestière. La filière souffre d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, 35 millions de cagettes et de bourriches sont produites annuellement. La Bretagne en produit la moitié, le reste provient des Pays-de-la-Loire ou de la région parisienne. Les plantations bretonnes peinent à être renouvelées, à cause de raisons diverses comme la fin d’aides à la plantation, des problèmes sanitaires avec des attaques de rouille ou encore certains préjugés qui perdurent sur l’espèce. Pour redonner ses lettres de noblesse à la populiculture, le « Guide du populiculteur breton » renseigne sur les terrains favorables à la plantation, le choix des cultivars, la gestion de la plantation ou des débouchés. Il est disponible gratuitement sur le site du CRPF.
Un produit vertueux
Clément Samson estime la consommation bretonne de peuplier pour le conditionnement de marchandises à « 150 000 m3 . C’est un matériau vertueux, transformé et consommé en local ». Le représentant de Samson Emballage de Plancoët (22) chiffre à 15 000 ha la surface à atteindre en région Bretagne pour être autonome, soit le double de la surface actuelle. « Nous serons toujours en demande demain, il faut planter pour nos enfants ».
Le peuplier a aussi des atouts environnementaux, grâce à ses propriétés de phytoremédiation. « Il capte les métaux lourds. Son rôle phytoépurateur est très fort, les plantations épurent 16 fois plus de nitrates qu’une pâture », note Jean-François Courcoux, référent peuplier au CRPF.
Des étapes à ne pas rater
Pour cette culture qui fait le lien entre agriculture et sylviculture, Arnaud Guyon rappelle les étapes à ne pas rater, comme « la taille de formation pour éviter les nœuds, la protection contre les cervidés au démarrage ». La plantation se réalise à une densité de 200 arbres / ha, le coût de cette mise en place s’élève à 10 €/plant, en comptant le plant d’une hauteur de 6 m et la protection contre les gibiers. Des aides financières sont allouées pour la mise en place des jeunes plants. Côté revente sur pied, le m3 est valorisé à hauteur de 40 €, 1 ha produit environ 200 m3. « Les nouveaux cultivars sont tolérants à la rouille, certains peuvent être vendus au bout de seulement 12 à 15 ans », précise Arnaud Guyon.