À n’en pas douter, la sortie concomitante du rapport annuel du Haut conseil pour le climat (HCC) et l’enquête de la Cour des comptes sur les algues vertes met l’agriculture à l’index et apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui considèrent qu’il y a trop d’animaux d’élevage en Bretagne. Le rapport du HCC met en exergue la part importante (40 %) de gaz à effet de serre (GES) imputables à l’agriculture en Bretagne. Faut-il s’en étonner ? L’agriculture est un secteur économique majeur de la région. Cette part de GES agricoles dépasse d’ailleurs 50 % dans certains cantons très ruraux. Sauf qu’en filigrane de ces chiffres bruts, certains détracteurs de l’élevage brandiront la solution facile : il faut tailler dans les effectifs animaux. Avec un argument de poids livré par la Cour des comptes : pour résoudre le problème des algues vertes, il faut « revoir le modèle agricole ». Certes, aujourd’hui, il y a consensus sur l’urgence de réduire les GES. Pour autant, réduire de moitié le cheptel breton ne résoudrait en rien le problème. Pour la bonne raison que le méthane ne s’arrête pas aux frontières ; et quand bien même la France ou l’Europe décidait de sacrifier son élevage pour sauver le climat, d’autres continents en profiteraient pour prendre la place. Les bilans annuels du commerce mondial agroalimentaire le montrent tous les jours. Ce qui est clair, c’est qu’il faut se méfier des solutions simplistes. Et que ce que l’on gagne d’un côté, on le perd souvent de l’autre. La diminution de l’élevage bovin – déjà amorcée en France depuis 25 ans – réduit les pâturages attestés comme de puissants puits de carbone. Disposer de moins de déjections animales encourage le recours à de l’azote minéral fortement émetteur de GES et potentiellement plus lessivable….
À l’index