Des espaces à bien valoriser

Julien Cabon est situé en bordure du Quillimadec, rivière du Nord-Finistère. Il a présenté les avantages des prairies humides dans son système qui alterne fauche et pâturage.

La chasse aux joncs est de mise chez Julien Cabon, producteur de lait installé à Guissény (29). « Il ne faut surtout pas les broyer et les laisser sur place, sous peine de former un tapis au sol qui étouffera les autres espèces », prévient-il lors d’une visite de ses prairies humides organisée par la Chambre d’agriculture et par le syndicat des eaux du Bas-Léon. Sous ce tapis, seul le jonc arrivera à percer le mulch pour ré-émerger. « Il faut exporter après fauche ou bien faire pâturer quand c’est possible, afin que les vaches mangent les jeunes pousses. Le jonc se développe en petits rhizomes, puis en touffes qui viennent à se toucher », ajoute Vincent Colasse, chargé d’étude au conservatoire botanique national de Brest (29). Ces prairies humides, aux portes de la ferme de Julien Cabon, « sont utiles et faciles à gérer pour les vaches taries », affirme-t-il.

Une flore spontanée

Sur les prairies naturelles qui composent la sole de l’exploitation, une flore spontanée qui se développe et qui renseigne sur la fertilité du sol. « Plus le sol est fertile, plus on aura des graminées à dominer », fait observer Vincent Colasse. Ainsi peuvent se développer des houlques laineuses, capables de produire de forts volumes de biomasse. Paradoxalement, « plus le milieu est riche, moins il y a d’espèces. Il faut aussi être rigoureux sur la gestion de son pâturage, car des trous dans ce tapis végétal laisseront de la place à des rumex ou à des joncs ». Les agrostis rampantes sont aussi fragiles en cas de pâturage, car écrasées par les pieds des animaux. « Dans tous les cas, les prairies naturelles sont rarement riches en légumineuses ». Julien Cabon fauche une partie de ces parcelles quand elles sont en graine, afin de réensemencer les champs.

La stratégie d’épuisement des rumex fonctionne, à condition que les fauches soient multipliées : « Le stade ultime pour faucher est à réaliser avant que les graines ne tombent naturellement au sol. » Peu gourmand en azote, ces espaces produisent un fourrage parfois abondant. « Attention toutefois aux rumex pour les vaches taries qui le consomment, la plante peut occasionner une accélération de la décalcification. Le rumex augmente aussi les risques de fièvre de lait », prévient l’éleveur.


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