La communication constructive d’Agriculteurs de Bretagne s’est illustrée lors de l’assemblée générale de l’association, qui s’est exceptionnellement tenue dans le cadre du festival des Vieilles Charrues, à Carhaix (29).
« Chaque dialogue entre un agriculteur et un consommateur est un pas fait l’un vers l’autre, vers une meilleure compréhension et acceptation des contraintes de l’un et des attentes de l’autre », estime Dominique Gautier. La vice-présidente d’Agriculteurs de Bretagne résume l’action de l’association par « une agriculture partagée ». Le projet stratégique de la structure créée en 2012 se base sur les échanges avec le consommateur et repose sur 4 piliers. « Il faut être garant de la confiance, nous nous engageons à mettre en place un indice de référence pour mesurer cette confiance des consommateurs. Il sera consulté à intervalles réguliers ». En formant les agriculteurs à la communication envers le grand public, Agriculteurs de Bretagne veut être « à la pointe du dialogue ». La promotion de la diversité représente le 3e pilier de ce plan, par « la pédagogie de tous les systèmes agricoles ». Enfin, en établissant « un circuit court de la communication agricole », les agriculteurs s’engagent dans la sincérité.
« Contrôlez le vocabulaire »
Plus de 70 % des Français ont une opinion positive de l’agriculture française. Cependant, pour l’animateur et producteur scientifique Mac Lesggy, « les médias vous aiment quand vous ressemblez aux paysans des années 30. L’agroalimentaire contribue aussi à garder cette image d’Épinal ». Le présentateur dénonce la présence de plus en plus marquée de journalistes qui « écrivent et diffusent vite, sans s’interroger sur la véracité de leurs propos ». Ainsi et à titre d’exemple, le personnage télévisuel aussi ingénieur agronome s’agace des « 15 000 L d’eau nécessaire pour produire 1 kg de viande de bœuf. C’est une information qui tourne en dépit des correctifs. Il faut que l’information fasse peur, sinon elle n’a pas d’intérêt », déplore-t-il.
Mac Lesggy pense que « beaucoup d’agriculteurs ont perdu leur destin avec la perte de leur vocabulaire. Les plantes et les animaux de vos fermes ne grandissent-ils pas grâce à des processus biologiques ? Vous vous êtes fait confisquer ce mot ».
Habité par son contraire
Invité à apporter son point de vue, Julien Denormandie cite l’écrivain suisse Metin Arditi. « L’esprit français, c’est la cohabitation des contraires ». Cette injonction paradoxale se manifeste par des gens « citoyens de bon matin, mais consommateurs passé le ¼ d’heure ». Le ministre de l’Agriculture insiste sur le fait que « notre modèle agricole n’est pas basé sur la taille, mais est fondé sur la qualité. Il faut renforcer le lien avec le consommateur sur un mode offensif et non défensif, pas d’agribashing ». Le ministre invite les agriculteurs à « remettre au centre les valeurs nutritionnelles et environnementales. Ces qualités doivent se rémunérer à leurs justes valeurs », conclut-il.