Le Collectif 29 pour la souveraineté alimentaire demande une nouvelle orientation de l’agriculture, qui passe par des structures autonomes qui n’importent pas de soja.
« L’aide alimentaire sera allouée à 7 millions de personnes en France en 2021, la population en situation de précarité alimentaire se monte à 12 millions de Français. Cette Pac qui coûte si cher montre une fracture qui se manifeste depuis des années, on s’est rendu compte qu’on ne nourrissait qu’une partie des gens », explique Jean-Claude Balbot, du Civam, lors d’une rencontre débat chez Alain Jacob à Saint-Cadou, et organisée par le Collectif 29 pour la souveraineté alimentaire dans les pays du sud et en Europe.
« Nos systèmes n’intéressent pas la Pac »
Pour Alain Jacob, « la Pac a éclaté les structures pour laisser la place au maïs et aux plans d’épandage. L’agriculture intensive grignote les Monts d’Arrée ». Sur sa ferme de 36 ha avec 15 vaches laitières et 8 truies, la production est transformée sur place. « Les cochons sont nourris aux céréales, au petit-lait et à l’herbe, nous travaillons sur l’autonomie. La vente est réalisée sur des marchés ou en magasins de producteurs. Ce sont des systèmes qui n’intéressent pas la Pac. Nous touchons 6 000 € d’aides, dont les 2/3 proviennent de MAE ». Marie-Thérèse Kéruzec, membre de Peuples Solidaires rappelle que sur les 400 000 agriculteurs français, « 311 000 ont touché en moyenne 29 000 € de Pac, il y a une disparité énorme, 90 000 paysans ne touchent rien… »
Jean Kerouhanton, de l’association Peuples Solidaires, enfonce le clou. « Sur la lutte contre les fuites des nitrates, le budget se monte à 110 millions €. Des progrès sensibles ont été réalisés, mais les algues vertes sont toujours là. Il faudrait selon les scientifiques descendre à 10 mg/L ». Le bénévole ajoute que « la Pac a remplacé les actifs par les pesticides, avec des impacts sur la biodiversité ».
Concernant les importations de soja, « à 95 % transgénique, cette culture accapare les terres et favorise les déplacements de population, les cultures vivrières sont en recul », estime Madeleine Corre, de Peuples Solidaires. Et de conclure : « Arrêtons d’être hypocrites, en important ce soja, on déforeste ».