Terreurs des cultures de blé et de colza, le campagnol des champs Microtus arvalis et le campagnol terrestre Arvicola terrestris sont les principaux rongeurs des parcelles bretonnes. Aujourd’hui, les solutions pour les combattre ont montré leurs limites. Et si leurs ennemis devenaient nos fidèles alliés ? Explications.
2019. Le blé tendre (300 000 ha) et le colza (50 000 ha) totalisent plus de 50 % des surfaces bretonnes consacrées aux grandes cultures. Ces cultures doivent faire face aux maladies et ravageurs pouvant entraîner des pertes de rendement importantes. Le blé et le colza sont des festins pour les rongeurs. Ces petits êtres ont un régime essentiellement végétarien (tiges, feuilles, fleurs, racines, graines, fruits). Pour lutter contre ces ravageurs, des solutions ont été mises en place comme l’utilisation de bromadiolone. Cependant, ce produit a montré ses limites en étant nocif pour de nombreuses espèces et de moins en moins efficace sur les campagnols.
La reproduction : l’atout des rongeurs
La maturité sexuelle des campagnols se manifeste dès leur premier mois d’existence. Ce sont des espèces très précoces. La gestation dure en moyenne 21 jours, leur permettant d’avoir 3 à 4 portées par an. Leur durée de vie est courte mais leur prolificité est grande avec une descendance de 2 à 12 petits par portée. Les campagnols ont une grande capacité de développement si les conditions sont favorables (absence de labour, présence permanente d’un couvert végétal, ouverture du milieu, climat, qualité de la ressource alimentaire). Les dégâts peuvent donc être importants, notamment en début de végétation. Chaque rongeur consomme près de deux fois son poids en matière verte par jour !
Les rapaces, l’atout des agriculteurs ?
De nombreux rapaces sont présents en Bretagne. Certains ont longtemps été au cœur de superstitions et étaient craints par endroits. Pourtant, le faucon crécerelle, l’effraie des clochers, les busards ou encore la buse variable sont de précieux alliés pour les agriculteurs. Alexandre Martin, chargé d’études à la LPO d’Anjou explique en effet que « la pression de la chasse peut être très élevée contre les ravageurs tels que les campagnols. La densité de ces rapaces augmente lorsque les années sont bonnes pour les petits rongeurs, limitant ainsi leur explosion démographique. Ce sont donc de très bons auxiliaires de cultures pour lutter contre les petits ravageurs ». Espèces diurnes et nocturnes, l’ensemble de ces oiseaux permet une protection continue des cultures contre les ravageurs. Les rapaces adaptent leur régime alimentaire aux proies présentes dans leur environnement. Ils chassent aussi bien les mulots que les campagnols.
Pour favoriser la présence de ces incroyables chasseurs, plusieurs solutions peuvent être mises en place par les
agriculteurs.
Des alliés à attirer
Les rapaces ont besoin de grands espaces ouverts avec un accès au sol. L’installation de perchoirs ou de nichoirs peut s’avérer efficace pour repérer leurs proies. De même que l’implantation de haies arborées ou d’arbres aux alentours des parcelles agricoles. Un des rapaces le plus intéressant est le faucon crécerelle Falco tinnunculus. Il niche dans les arbres, souvent dans un ancien nid de corvidés, ou dans une cavité de paroi
rocheuse ou de bâtiment.
Cette espèce diurne est capable de manger jusqu’à 1 500 proies par an. Il est capable de s’adapter à une grande diversité de paysages mais les parcelles céréalières sont ses terrains de jeu favoris. Pour attirer et préserver les populations d’auxiliaires, il est donc nécessaire de gérer l’environnement et les pratiques existantes en agriculture. À nous de conférer un environnement propice à l’activité de prédation des rapaces (via des aménagements) afin de diminuer les effets des rongeurs sur les cultures.
Clarisse Olivier, Léa Ligonnière, Alice Hersan, Justine Laruell
Concours d’écriture : catégorie ‘Ingénieur’
[caption id= »attachment_56441″ align= »alignright » width= »300″] De g. à dr. : Clarisse Olivier, Léa Ligonniere, Alice Hersan et Justine Laruelle.[/caption]
Le concours d’écriture Eureden, en partenariat avec le journal Paysan Breton, est aussi ouvert aux ingénieurs avec une catégorie qui leur est dédiée pour la deuxième année consécutive. Le thème du concours 2021 était : « L’agriculture et la biodiversité ». Sept textes ont été rédigés par des étudiants de 3ème année du programme Ingénieur de l’ESA d’Angers dans le cadre du module de « communication scientifique ». Voici l’article qui a obtenu le 1er prix dans cette catégorie. Félicitations à Clarisse Olivier, Léa Ligonnière, Alice Hersan, Justine Laruelle, les rédactrices !
Présentation de l’ESA
L’ESA (École Supérieure d’Agricultures), fondée en 1898, constitue l’un des premiers groupes d’enseignement supérieur agricole français. Il accueille chaque année plus de 2 500 étudiants. Véritable campus agricole, l’ESA propose des formations de tous niveaux : Bac pro, BPREA, BTS, Licence pro, Bachelor, Master et Ingénieur, selon des modalités variées (initiale, continue, à distance, par apprentissage…), au service de l’agriculture, la viticulture œnologie, l’élevage, l’horticulture, le maraîchage et l’environnement, l’aménagement paysager, l’agroalimentaire. La pédagogie associe depuis l’origine l’expérience de terrain (visites d’entreprises, voyages d’études, stages…), l’acquisition des fondamentaux scientifiques et techniques et l’acquisition de compétences transversales parmi lesquelles l’expression et la communication. Les 7 textes présentés pour le concours d’écriture « La science et les nouveaux défis de l’agriculture » ont été rédigés dans le cadre du module de « communication scientifique ».