Désherbage céréales : Les Ray-Grass font de la résistance !

a9394.hr - Illustration Désherbage céréales : Les Ray-Grass font de la résistance !
Forte densité de ray-grass dans un blé non désherbé à l’automne
Depuis quelques années, nous observons un développement préoccupant d’échecs de désherbage dans les céréales et le maïs. Nous avons identifié plusieurs causes à ces résistances et nous répondons par des solutions mobilisant en premier lieu des leviers agronomiques puis chimiques ensuite. 

Les difficultés les plus fréquemment rencontrées concernent les ray-grass résistants aux herbicides des familles chimiques 1 (A) (pinoxaden, clodinafop, cléthodime, …) et 2 (B) (iodosulfuron, mésosulfuron, nicosulfuron, …) utilisés en post-levée. Dans certaines situations extrêmes, il n’a pas été possible de conserver la céréale pour être récoltée à grain et un fauchage a donc été réalisé à la fin du printemps. Les problèmes de résistances, ça n’arrive pas qu’aux autres !

Plusieurs facteurs favorisent le développement de cette problématique, comme les rotations courtes (ex: maïs / blé), l’utilisation d’herbicides du même mode d’action, les interventions sur des adventices trop développées, des doses herbicides inadaptées aux stades des adventices ou encore des conditions d’application loin d’être optimales (ex: hygrométrie insuffisante). Il faut retenir que l’herbicide ne crée par la résistance mais il la sélectionne.

Gestion des ray-grass résistants : ne pas tout miser sur la chimie

En premier lieu, il faut activer le maximum de leviers agronomiques et seulement ensuite, chimiques.  Au niveau des leviers agronomiques, l’allongement de la rotation en intégrant lorsque c’est possible une culture pérenne (luzerne, prairie…), permet de réduire le stock semencier. De plus, la diversification des cultures de printemps et des cultures d’hiver ainsi que l’alternance entre culture de graminée et culture dicotylédone (colza, féverole, pois, …) va limiter le nombre de plantes adventices. 

En interculture et plus particulièrement entre une culture

d’hiver et de printemps, bien implanter un couvert végétal limitera aussi le développement des adventices.  Ensuite, il faut intégrer davantage les solutions de travail du sol. La réalisation de faux semis est une vraie solution sur graminées à condition de ne pas dépasser 5 cm de profondeur. Le labour occasionnel, avec un bon enfouissement des graines en surface, aura un bon effet sur la réduction du stock semencier. En effet une graine de ray-grass a un “T.A.D” (Taux Annuel de Décroissance) de 3 à 5 ans. Il faut savoir également que le ray-grass lève dans les 6 premiers centimètres du sol. Ensuite, 60 à 75 % des graines perdent leur faculté germinative au bout d’un an et près de 99 % après 3 à 4 ans.

[caption id= »attachment_56804″ align= »alignright » width= »323″]b9395.hr Ray-grass résistant aux herbicides de sortie d’hiver[/caption]

Enfouir les graines en profondeur en utilisant le labour donnera satisfaction si cette technique reste occasionnelle (tous les 3-4 ans) et n’est pas renouvelée l’année suivante. Nous déconseillons de semer les céréales trop précocement (attendre novembre dans les parcelles les plus touchées) afin de ne pas favoriser les germinations de ray-grass.

Le pouvoir couvrant de la céréale est un critère qui permet de mieux supporter la concurrence des ray-grass et des autres adventices. Nous avons observé qu’une orge, et plus particulièrement une orge hybride, sera plus couvrante qu’un blé. Pour une même espèce, il existe même des différences variétales assez significatives. Dans nos essais Eureden 2020-2021 nous avons mesuré le taux de couverture des céréales ainsi que leurs hauteurs afin de mesurer l’impact sur la maîtrise du salissement.

Avant les récoltes, il peut être intéressant d’utiliser une écimeuse pour récupérer un maximum de graines (pour l’instant il y a peu d’équipement de ce type dans notre région). Équiper également sa moissonneuse d’un récupérateur de menues pailles permet non seulement de limiter le stock semencier mais également de diminuer le risque piétin échaudage.

Lorsque les créneaux climatiques sont présents, le désherbage mécanique avec une houe rotative, une roto-étrille, une herse étrille ou encore avec la bineuse peut contrôler une partie des ray-grass en cas d’échec avec les herbicides racinaires. Après avoir employé le maximum de leviers agronomiques, l’utilisation de la chimie va permettre de contrôler correctement les populations résistantes. À partir du moment où vous avez identifié ou observé que les ray-grass ne sont plus sensibles aux groupes 1 et/ou 2, il faut absolument utiliser d’autres modes d’actions à l’échelle de la rotation.

Ainsi, il devient indispensable de désherber vos céréales d’hiver dès la prélevée ou à 1 feuille maximum du ray-grass pour maximiser l’efficacité. Dans les situations compliquées où la densité de ray-grass risque d’être très élevée, il est recommandé de positionner 2 passages racinaires (prélevée puis 1F). D’autre part, l’intégration de cultures comme le colza ou la féverole d’hiver permet de se servir de la propyzamide qui représente le mode d’action 3 (K1).

Les ray-grass résistants ne sont pas seuls

Nous voyons également apparaître le phénomène depuis quelque temps sur d’autres graminées comme le pâturin annuel, le vulpin et les folles avoines. Les dicotylédones ne sont pas épargnées avec des cas de résistance sur séneçon, matricaire, stellaire, coquelicot, et rumex (les premiers cas de rumex résistants au groupe 2 (B) dans le monde ont été identifiés dans le Finistère).

Sébastien Grey – Philippe Lécuyer / Eureden Agriculture


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