Le Space est un moment privilégié pour mettre l’agriculture en perspective. Le point avec le patron de l’agriculture bretonne. Jusqu’à présent la baisse du nombre d’agriculteurs ne s’accompagnait pas de baisse de production. Ce n’est plus le cas dans certaines zones de la Bretagne. Faut-il s’en inquiéter ? Prenons l’exemple du lait. Sur les 10 dernières années, la Bretagne a perdu un tiers des points collecte mais les volumes se sont maintenus. Aujourd’hui, cette érosion des points de collecte s’accompagne d’une baisse de cheptel. C’est notamment le cas en Sud-Finistère et en Morbihan. Et, ce qu’il se passe en lait commence aussi à se voir dans les autres productions animales. Nous sommes manifestement à un tournant de l’élevage en Bretagne, même si nous sommes bien loin de la situation de la Nouvelle-Aquitaine qui a perdu 50 % de sa production laitière en 3 ans. Plus généralement cet affaiblissement de l’élevage se lit dans la dégradation des chiffres de la balance commerciale de l’agroalimentaire français : quand on enlève les secteurs des vins et spiritueux, on constate que l’élevage décline. L’État en a pris conscience. Son credo de souveraineté alimentaire provient de ce constat. Le gouvernement admet désormais que le lait de plaine (NDLR : expression pour le lait breton par opposition au lait de montagne) ne continuera pas de couler si les prix ne suivent pas. Que proposez-vous pour « redresser » le secteur de l’élevage ? En deux mots : installer et rémunérer. Mais attention aux chiffres en trompe-l’œil. On peut soutenir l’installation mais pour autant ne pas soutenir l’élevage, ou plus exactement la polyculture qui est le socle de notre agriculture. J’insiste : ce mariage des cultures et de l’élevage est vertueux sur le plan économique et environnemental ; il est vecteur de vie dans les territoires. Mais pour que la mécanique fonctionne, il faut évidemment du prix….
André Sergent : « Il y aura des opportunités à saisir »