La deuxième édition du Forum économique breton s’est tenue, les 8 et 9 septembre, à Saint-Malo. Quelque 2 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux chefs d’entreprises du secteur privé comme du public, ont pris part à ce rendez-vous de rentrée. Au programme : la relance et les nécessaires transformations de l’économie régionale.
De transitions et de transformations, il fut beaucoup question dans les allées du Palais du Grand Large durant les deux journées du Forum économique breton. Au-delà du plaisir éprouvé par les participants à se retrouver et à pouvoir enfin échanger autrement que par écrans interposés, le rendez-vous malouin a permis de mieux cerner les défis que l’économie régionale doit relever.
Rappelant la volonté européenne d’atteindre la neutralité carbone en 2050, Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), a clairement indiqué que les projets non en ligne avec cet objectif ne pouvaient plus aujourd’hui bénéficier du soutien financier du bras armé de l’Union européenne (UE). Exit donc le financement des extensions aéroportuaires ou des usines trop gourmandes en énergies fossiles, la BEI s’engage désormais en faveur de la transformation verte des économies de l’UE et évolue pour devenir la banque du climat. C’est dans ce contexte que s’inscrit, par exemple, le dispositif de garantie mis en place pour accompagner les projets agricoles durables et responsables et la montée en gamme de l’agriculture, via l’Initiative nationale pour l’agriculture française (INAF). Plus d’un milliard d’euros a ainsi été mobilisé pour accompagner la transition agro-écologique et l’installation des jeunes. Pour Loïg Chesnais-Girard, « la transformation de l’agriculture bretonne est indispensable. Tout le monde est engagé dans cette course. Et nos concurrents vont vite ! » Le président de Région table sur une contractualisation avec les grands acteurs de l’agriculture, « et notamment ceux qui font les emplois en Bretagne », pour faire avancer les choses rapidement.
Sur le volet de la transformation énergétique, là aussi, il importe d’embarquer tout le monde. Il faut donc « doser les évolutions, veiller à ne pas enflammer le pays et mettre des cliquets afin de ne jamais revenir en arrière. Notre organisation va changer, il est certain que l’on ne peut pas continuer comme avant. C’est une évolution complexe mais nous allons trouver ensemble des chemins pour faire en sorte que la Bretagne soit le premier territoire décarboné ! »
[caption id= »attachment_57990″ align= »aligncenter » width= »720″] Hélène Bernicot, directrice générale du Crédit Mutuel Arkéa, a rappelé, lors de la séance d’ouverture de Forum économique breton, que les transitions à venir impliquaient un certain nombre de renoncements.[/caption]
Des territoires à l’initiative
Parmi les tables rondes proposées lors de ce Forum économique breton, l’une était dédiée aux transitions agri-agro en cours. Serge Le Bartz, président du groupe Eureden, y a rappelé que s’il « est nécessaire, bien sûr, de s’adapter à la demande de la société, les agriculteurs travaillant avec du vivant et au rythme des saisons, le changement ne pouvait être immédiat. Quand un agriculteur emprunte, c’est sur une durée de 10 ou 20 ans. On ne peut lui demander de modifier son cap tous les 5 ans. Il faut donc un cadre et des règles claires ».
De son côté, Daniel Caugant, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne, a insisté sur la nécessité d’accompagner tous les agriculteurs dans ces transitions, « depuis les plus fragiles jusqu’aux précurseurs qui travaillent déjà sur les solutions de demain ». Abordant la question des financements « verts », il a dit sa foi en la capacité d’initiative des territoires. Et le représentant de l’établissement bancaire coopératif de citer l’exemple du premier contrat de Paiement pour service environnemental (PSE), conclu entre un agriculteur finistérien et le groupe Crédit Mutuel Arkéa pour l’entretien de zones humides et la prévention des inondations.
[caption id= »attachment_57988″ align= »aligncenter » width= »720″] « Nous travaillons sur une notion de performance globale, qui englobe à la fois des indicateurs financiers et extra-financiers », Julien Carmona, président du Crédit Mutuel Arkéa.[/caption]
La Bretagne en tête
Julien Carmona, qui intervenait en clôture de la première journée, a évoqué, lui, la relance économique. Le nouveau président du Crédit Mutuel Arkéa a, notamment, insisté sur la solidité de l’économie bretonne qui peut se targuer d’une reprise plus forte et d’un taux de chômage plus faible que sur le reste du territoire national. Des caractéristiques qui s’expliquent par la bonne tenue des secteurs forts « traditionnels », tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, les transports, le bâtiment et les travaux publics. Et aussi par la réussite de la diversification menée vers des secteurs comme le numérique et les biotechnologies.
Confiant dans la croissance, le dirigeant breton plaide toutefois pour une version plus inclusive et plus équitable. « La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) a montré qu’il n’y avait pas d’opposition entre la recherche du bien commun et du profit. Et la Raison d’être que nous avons adoptée est en phase avec les attentes exprimées tant par la société, que les jeunes que nous embauchons ou nos clients et sociétaires. Il y a aujourd’hui une quête de sens. Nous travaillons d’ailleurs sur une notion de performance globale, qui englobe à la fois des indicateurs financiers et extra-financiers. Et, pour plus de clarté, nous allons nous efforcer de la chiffrer et d’exprimer le tout en euros ».
Cohérence
Avec la volonté d’agir concrètement au profit de l’environnement et le souci de la cohérence, le Crédit Mutuel Arkéa est lui-même en transition. Sa gamme de produits est ainsi en train d’être revisitée. Cela implique parfois des renoncements, comme la cession des participations dans des sociétés ne répondant pas à sa politique de sortie du charbon. Par ailleurs, le groupe distribue auprès des PME des prêts à impact où le taux de financement est bonifié en fonction de la transformation environnementale et sociétale opérée par la société emprunteuse. Parallèlement, côté épargne, il propose aux particuliers d’investir au capital d’entreprises de la région via le fonds « Breizh ma bro ».
Très présent depuis plusieurs années dans le domaine du capital-investissement auquel il alloue 15 % de ses fonds propres, le Crédit Mutuel Arkéa agit par ce biais en faveur de l’innovation et du développement des entreprises régionales. Partenaire des fleurons de l’économie bretonne – Hénaff, Piriou, Galapagos, Le Graët, Sermeta… -, il accompagne également les pépites de demain, telle la start-up Aisprid, qui conçoit des automates de récolte, ou la jeune pousse Gaïago, spécialisée dans la revitalisation des sols agricoles. « Nous voulons être partie prenante dans les écosystèmes locaux. Nous sommes à leur écoute grâce au maillage très fin de notre réseau ».
Cette volonté d’œuvrer en faveur de son environnement, le groupe la décline dans toutes les dimensions. Ainsi, le Crédit Mutuel de Bretagne consacre chaque année 20 % de son résultat à des actions de solidarité, comme la suppression des frais bancaires pour les personnes fragiles financièrement. Parce que c’est conforme à son ADN coopératif et mutualiste. Et parce que c’est aussi cela une banque à impact positif !
Jean-Yves Nicolas