Comme un seul homme crédule devant un magicien, homo technologicus croit au lapin blanc qui surgit des chapeaux. Faudra-t-il se passer d’énergie fossile ? D’un coup de baguette magique, les énergies renouvelables semblent éclairer l’avenir du tout électrique. Par la magie de l’innovation technologique nous disposerions d’une énergie propre, illimitée. Illusion ! À peine amorcée, la transition montre déjà ses limites. La hausse actuelle du prix de l’énergie est en partie imputable au manque de vent ces dernières semaines sur l’Europe du Nord. Les éoliennes ont été à l’arrêt et les centrales thermiques ont tourné à plein gaz. La Russie, main sur le robinet, a montré s’il le faut que la transition énergétique est aussi géopolitique. Plus structurellement, les énergies douces sont promises au dur. La transition se confrontera rapidement à une pénurie de minerais comme le nickel, le cobalt dont il faudrait multiplier l’extraction par 20 pour satisfaire les besoins vers la transition électrique. Un « décalage » insoluble que pointe l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Parler d’énergie renouvelable en s’appuyant sur des ressources par nature limitées tient en fait du paradoxe. Le vrai renouvelable est constitutif d’une ressource par nature illimitée : soleil, vent, pluie, etc. À cet égard, végétaux et animaux de l’agriculture sont des capteurs de cette énergie perpétuelle par la magie de la photosynthèse, tout comme le fit la biomasse fossilisée qui a donné le pétrole. Mais comme les autres secteurs, l’agriculture devra être économe en énergie et en matières premières non renouvelables : phosphore, potasse, métaux, matières rares pour l’électronique, etc. Le grand défi de l’agriculture sera en effet de produire intensivement dans la plus grande sobriété….
Illusion