Il est vrai que la météo a quelque peu gâché la fête. Mais, avec un blé payé 220 €/t « au cul de la remorque », le cours 2021 renoue avec l’euphorie des marchés du début de la décennie 2010. Cette décennie qui a ouvert l’ère de la volatilité des prix ; l’ère des bons et des mauvais coups au gré de l’oscillation de l’offre et de la demande sur le marché mondial. Sauf, qu’en Bretagne, la conjoncture actuelle tourne un peu à « Jean qui rit, Jean qui pleure ». Car le céréalier est souvent éleveur ; et l’éleveur, acheteur de céréales chez ses voisins. Avec cette incidence directe sur les marges de l’élevage puisque l’aliment représente plus de 2/3 du coût de production d’un porc et d’une volaille. Alors, est-ce dire que les céréales sont trop chères ? Non. Ce sont les prix des animaux issus de la transformation des céréales qui sont en décalage avec la réalité des marchés des matières premières. Les syndicats agricoles le répètent à l’envi depuis des années. Et la rentrée qui s’annonce ne dérogera pas à la règle, à l’instar de la FRSEA qui tire la première en déclarant, le 30 août, que « la perte pour les éleveurs avoisine les 20 € par porc sorti ». « Toute la politique part d’un grain de blé », avait déclaré le comte de Mirabeau en 1789, allusion à la céréale qui aurait précipité la chute de Louis XVI. Aujourd’hui, la tête des rois ne tombe plus dans l’assiette vide du peuple, mais tous les dirigeants – démocrates et dictateurs – ont bien en tête que « les subsistances sont le principal mobile de la tranquillité publique. » (Napoléon). En France, l’augmentation annoncée du prix des pâtes de 10 % n’ébranlera pas ce socle de stabilité. Quand bien même un citoyen mangerait des pâtes deux fois par jour, son budget alimentaire…
Le bon prix ?