Au mitan des années 90, des responsables agricoles réunis en session Chambre d’agriculture à Quimper s’émouvaient de l’euphorie qui gagnait le secteur des nouvelles technologies. C’était l’époque de ce que l’on nommait « la nouvelle économie ». Ce secteur gagnait alors de l’argent, beaucoup d’argent. L’agriculture laborieuse regardait dubitative ces profits faciles et avait le sentiment amer de l’exclusion. Cinq ans plus tard la bulle internet explosait et la valorisation virtuelle des entreprises s’effondrait de concert. C’était au printemps 2000. Vingt ans plus tard, l’agriculture va-t-elle connaître un ressentiment similaire face à la reprise économique post-Covid ? Une reprise que l’on nous annonce « exceptionnelle », « extraordinaire », « inimaginable », etc. Quitte à occulter que la croissance promise de +6 % en 2021 est en fait négative sur le moyen terme car -8 % en 2020 additionné à +6 % en 2021 n’a jamais fait que -2%. Oui, une certaine reprise est bien là. En témoignent, l’artisanat dont les carnets de commandes sont pleins ; le secteur du numérique qui ne sait plus où donner de la tête ; l’industrie du luxe qui tourne à plein régime ; les compagnies aériennes qui s’attendent à un feu d’artifice d’avions dans le ciel à Noël. Baromètre visible de cette réviviscence économique, le trafic routier génère, depuis septembre, des embouteillages autour des grandes villes encore plus conséquents qu’avant le confinement. Et l’agriculture ? Entre cours chagrins, explosion du prix des matières premières et de l’énergie, négociations commerciales qui s’annoncent encore coriaces avec la grande distribution, son horizon n’est pas des plus radieux. Ils sont pourtant là les ingrédients de l’agriculture durable….
Exclusion