Laurent Ferchal gère un atelier de 500 truies naisseur engraisseur avec 4 salariés à La Harmoye. Avec une distribution en soupe dès le sevrage, il apporte une attention toute particulière à la conservation des matières premières. Chez ce spécialiste de l’aliment fermenté, c’est plus de 500 000 € qui transitent dans ses silos tour chaque année. Il nous explique ses points de vigilance.
Même si l’inertage est propice à la bonne conservation en réduisant les risques de développement fongique et de propagation d’insectes, la qualité de la matière première est essentielle. Pour Laurent Ferchal, le gros du travail sur la qualité d’une céréale se fait principalement au champ et passe d’abord par la qualité du battage : « Il faut des machines adaptées afin d’éviter la présence de rafles ou de grains cassés. » Au préalable, il fait aussi le tour de toutes les parcelles pour vérifier la maturité. Pour le maïs, il préfère démarrer le remplissage avec des humidités n’excédant pas 35 % pour assurer un bon écoulement.
INERTAGE
L’inertage permet la conservation des grains dans un silo hermétique. Après la récolte, les grains et la microflore consomment l’oxygène présent en rejetant du gaz carbonique (CO2). L’occupation de ce gaz dans les volumes interstitiels empêche toute activité enzymatique et permet la bonne conservation du grain sur des longues durées. Un poumon extérieur est chargé de compenser les différences de volume de gaz du silo liées aux variations de température extérieure. En cas de prise d’air, le gaz carbonique (CO2) sort du silo, l’oxygène (O2) entre et accélère la dégradation du grain.
Vider son silo une fois par an
Les premiers grains se stockent en fond de silo mais n’en ressortiront que les derniers. Il est donc nécessaire de le vider une fois par an afin de limiter les risques de mauvais écoulement. « Toutes les remorques sont pesées, je connais donc précisément les stocks et les consommations, ce qui me permet d’aller de récolte à récolte » explique l’agriculteur.
[caption id= »attachment_58832″ align= »aligncenter » width= »720″] Le grain doit être de la même couleur que le jour de la récolte et ne pas présenter d’odeur particulière. Si un voile blanc est présent (cf à droite), prévoir alors une recharge en gaz carbonique dans le silo. © Lallemand Animal Nutrition[/caption]
Recharger en gaz carbonique
Les pertes de gaz carbonique sont régulières lors de la reprise et accentuées en période chaude. Ces déperditions altèrent la qualité et le bon fonctionnement du stockage. Depuis plusieurs années, en cours de stockage, il injecte de la glace carbonique*, forme solide du gaz carbonique. Il charge environ 150 kg dans le haut du silo tour de 1 000 m3 via l’élévateur. « La glace carbonique est très pratique, c’est solide et compact, on évite ainsi la logistique des bouteilles de gaz », détaille-t-il. Attention, des protections (lunettes, gants) sont nécessaires pour manipuler le produit. Il est préférable selon l’éleveur d’attendre environ 24 heures et le refroidissement des installations avant de démarrer de nouveau une mouture. Coût de l’opération = environ 160 € HT / 1 000 m3.
Entretenir les installations
Chargés de gérer la pression entre le silo et le poumon, les régulateurs hydrauliques nécessitent un entretien. À l’élevage Ferchal, l’agriculteur les vidange une fois par an avec un petit “pense-bête” de la prochaine date.
L’éleveur prévient qu’il est tout de même préférable de se rapprocher de son installateur si cette manipulation n’a jamais été réalisée.
Apprécier la conservation en un clin d’œil
Bleuenn Lahuec, service InnoFAF
*achetée auprès de sociétés spécialisées en cryogénie