Le consommateur veut une chose et son contraire, nous disent les spécialistes qui suivent les habitudes de consommation des Français. En fait, il n’en est rien. Le consommateur veut simplement le meilleur pour pas cher. Le prix reste le centre du sujet. Que ce soit chez les ménages aisés qui brandissent la bonne affaire comme un trophée de la débrouillardise. Que ce soit chez les Français au pouvoir d’achat très bas par souci d’économie ; une catégorie d’ailleurs de plus en plus nombreuse puisque 8 millions de nos concitoyens font désormais appel à l’aide alimentaire, soit 3 millions de plus qu’il y a quelques années. Les consommateurs qui ont découvert le commerce de proximité à l’occasion de la pandémie l’ont semble-t-il fait plus par intérêt – la peur de manquer – que par adhésion à un certain art de vivre. Depuis le début de l’été, la fréquentation des marchés de produits locaux, contrariée par des campagnes de publicité très offensives de la grande distribution, est en effet en berne. En fait, le Français est un brin schizophrène. Il plébiscite les produits locaux, respectueux de l’environnement, et en même temps il dit avoir envie de consommer le moins cher possible. Trente ans de politiques de prix bas laissent des traces profondes dans la société. Il en faudra de la patience et de la pédagogie pour renverser la tendance. La Confédération Paysanne s’alarme de l’érosion de la clientèle qui met en péril la pérennité économique de certaines fermes spécialisées dans la vente directe. Il est vrai qu’il s’agit de la seule catégorie d’exploitations agricoles exposées au risque d’invendus ; la majorité des agriculteurs ayant l’assurance d’être collectés par leur coopérative, leur laiterie, etc. Une sécurité que d’aucuns oublient parfois….
Schizophrénie