Il devient évident que la performance d’une entreprise ne peut plus aujourd’hui être évaluée à l’aune de ses seuls résultats économiques. Les dimensions environnementale et sociétale sont désormais incontournables. Pour les appréhender au mieux, le Crédit Mutuel Arkéa innove et dévoile une méthodologie permettant de quantifier et de valoriser ce volet extra-financier. Explications.
« Être acteur d’un monde qui se conçoit sur le long terme ». Cette ambition, le Crédit Mutuel Arkéa l’a inscrite, noir sur blanc, dans la Raison d’Être dont il s’est doté voici deux ans. Et c’est à partir de ce socle qu’a été bâti son nouveau plan stratégique à moyen terme, Transitions 2024. Une feuille de route qui vise à faire du groupe coopératif le partenaire agile des transitions d’avenir, au service des territoires et de leurs acteurs. Bref, une stratégie de croissance responsable et équilibrée, associant performance financière et impact positif pour ses diverses parties prenantes (sociétaires et clients, fournisseurs, salariés). Restait à trouver le bon outil pour mesurer au plus juste cet impact et suivre son évolution.
« C’est un sujet complexe, reconnaît Anne Le Goff, directrice générale déléguée. Nous avons voulu nous inscrire dans une démarche d’innovation et de progrès, à travers une approche pragmatique et sincère ». Et c’est dans cet esprit que le groupe a choisi d’évaluer sa performance extra-financière au travers des conséquences de son activité sur les plans environnemental et sociétal.
L’enjeu de la donnée
Commencés il y a un an et demi, les travaux ont été menés par la direction financière du Crédit Mutuel Arkéa, avec le soutien technique du cabinet d’audit PwC. « Pour piloter, vous avez besoin d’indicateurs, explique Jean-Marie Alfonsi, directeur financier du Crédit Mutuel Arkéa. Et pour élaborer ces indicateurs, il faut avoir accès à de la donnée ». Or, actuellement, les données extra-financières ne sont pas disponibles dans le système d’information de la banque. « Nos clients sont en train de travailler sur ce point. Mais cela va demander du temps de récolter ces éléments. Nous avons donc choisi d’avancer sans attendre ». Comment ? En faisant appel à des données agrégées par secteur d’activité et validées par des organismes de référence tels que l’OCDE, Eurostat, l’Insee, France Stratégie…
Les effets positifs comme négatifs de l’activité du groupe – ce que les spécialistes nomment les « externalités » – font ainsi l’objet d’un recensement. Une fois estimées, ces externalités sont converties en euros. Là encore, sur la base d’indices faisant consensus. Enfin, le montant est rapporté proportionnellement à la contribution du groupe. Très concrètement, si l’on prend le cas d’un client dont l’activité est génératrice de gaz à effet de serre, le volume des émissions est d’abord évalué puis monétarisé. Et la quote-part incombant à Arkéa est ensuite calculée en fonction du niveau d’engagement. Soit, par exemple, 10 % pour un crédit de 100 000 euros accordé à une entreprise cliente dont le passif s’élève à 1 million d’euros. La même logique s’appliquant pour les externalités positives telles que le soutien à la création d’emplois.
Au final, de soustractions en additions, cette méthodologie présente le grand mérite de chiffrer en euros la performance extra-financière d’une entreprise. En fournissant une photographie à l’instant t et un outil objectif de mesure des progrès, la formule constitue une vraie avancée qui permet d’améliorer les prises de décision et d’accompagner vers le changement.
Test grandeur nature
Fort du travail réalisé, un premier test grandeur nature a été mené sur le périmètre d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels (ABEI), filiale du groupe coopératif dédiée aux entreprises, aux acteurs publics et institutionnels locaux, ainsi qu’à la promotion immobilière. La méthodologie a été appliquée à l’ensemble des parties prenantes – en l’occurrence, les clients entreprises et institutionnels, les fournisseurs et les salariés –, via l’analyse de 9 indicateurs extra-financiers, couvrant aussi bien le champ environnemental que sociétal. Verdict pour l’année 2020 : une contribution extra-financière positive de quelque 4 milliards d’euros ! L’examen dans le détail est encore plus instructif puisqu’il démontre que, sur la base des encours détenus par ABEI fin 2020, un million d’euros de financement accordé génère, en moyenne, 15 000 euros d’impacts environnementaux négatifs et 335 000 euros d’impacts sociaux positifs.
La méthodologie, qui a vocation à être appliquée à toutes les activités du groupe, va être déployée progressivement. Et elle va s’affiner au fur et à mesure de l’enrichissement de la base de données des mesures d’impact. À travers cette initiative, « le Crédit Mutuel Arkéa se donne les moyens de ses ambitions, souligne Julien Carmona, président du groupe. Conformément à notre plan stratégique, nous allons un cran plus loin dans le pilotage de nos activités en prenant en compte une performance globale, alliant le financier et l’extra-financier. C’est une grande fierté et cela illustre notre volonté de maximiser notre impact positif vis-à-vis de l’ensemble de nos parties prenantes ».
Jean-Yves Nicolas