Tout agriculteur sait qu’un troupeau de bovins agglutinés autour d’un râtelier se paît jusqu’à se rompre la panse sans se soucier du lendemain. La dernière bouchée de foin avalée, tout le monde déserte et ne subsiste qu’une mare de boue… et des meuglements affamés. Face au changement climatique, l’humanité se comporte-t-elle foncièrement différemment ? Les Cop se succèdent, mais notre conduite ne change pas. Las, les scientifiques ont quasi abandonné l’idée de cantonner l’augmentation de la température terrestre à + 1,5 °C pour se résigner à + 2,7 °C. Pour le commun des mortels, cette nuance peut paraître minime, voire agréable. Or, pour bien expliquer de quoi il s’agit, les paléoclimatologues comparent cela à une augmentation de température corporelle : à 37,5 °C, on est en forme ; à 40,2 °C on est malade. Avec le bouleversement climatique en marche, l’humanité se trouve face au plus grand défi qu’elle n’a jamais eu à résoudre. Et il faut reconnaître que les actes ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. À la sobriété énergétique qui préfigure comme la première mesure de bon sens, les politiques préfèrent parier sur la technologie, l’innovation – voies plus engageantes pour leur réélection – qu’une société économe trop souvent assimilée à de la décroissance. Sauf que le temps politique n’est pas le temps climatique. Pendant ce temps, la teneur en CO2 dans l’atmosphère continue de croître et atteint un niveau jamais égalé depuis 3 millions d’années. En ces temps-là, les arbres poussaient en Antarctique et, s’ils avaient existé, les râteliers des vaches bretonnes auraient été vides compte tenu de l’aridité du climat local. Les scientifiques ne projettent rien de moins pour la Bretagne : sécheresse tous les deux ans en 2050 ; sécheresse perpétuelle en 2100. Magnifique legs pour les générations futures……
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