Privilégier certaines molécules plutôt que d’autres, en s’appuyant sur leurs caractéristiques intrinsèques, permet de réduire les risques de pollution diffuse.
L’interaction entre les molécules, le milieu et les pratiques culturales conditionne les risques de transfert des produits phytopharmaceutiques. Certaines caractéristiques physico-chimiques de la molécule donnent des indications sur sa mobilité potentielle dans le milieu. Le coefficient d’adsorption Koc (Cœfficient de partage carbone organique-eau) traduit l’affinité de la molécule avec le complexe argilo-humique du sol. Plus le Koc est élevé, plus la molécule est fixée dans le sol.
La demi-vie, ou DT50, indique le temps nécessaire à la dégradation de 50 % de la molécule présente dans le sol. Ainsi, plus la demi-vie est longue, plus la molécule est rémanente dans le sol. Une substance active présentant un Koc faible et une demi-vie importante possède donc un profil plutôt défavorable : elle est peu retenue dans le sol et présente sur une longue période, ce qui accroît les risques de contamination des eaux souterraines ou de surface. Ces informations sont disponibles sur le site de l’Université de Hertfordshire. D’autres propriétés existent mais le Koc et la DT50 suffisent à discriminer les molécules.
Les transferts sont multifactoriels
Néanmoins, les transferts de produits phytopharmaceutiques ne peuvent pas s’expliquer uniquement au travers de leurs caractéristiques physico-chimiques. Quatre facteurs en interaction conditionnent le transfert d’une substance active vers les eaux de surface et souterraine : les propriétés de la molécule, les caractéristiques du sol, le climat ainsi que les pratiques culturales.
Il existe une relation forte entre les caractéristiques de la molécule et certaines composantes du sol, comme le taux de matière organique et la teneur en argile. Un sol présentant un complexe argilo-humique important a tendance à fixer une plus grande quantité de substances actives. Une teneur élevée en matière organique améliore également la stabilité structurale du sol et le rend moins sensible aux phénomènes de battance. Ceux-ci provoquent du ruissellement ou de l’érosion susceptible de transférer des substances actives. En outre, le taux de matière organique, le pH, la température et l’humidité du sol impactent l’activité microbienne, qui, à son tour, influence la vitesse de dégradation des substances actives.
Rôle du climat et des pratiques
Jonathan Marks Perreau / Arvalis-Institut du végétal