Depuis plus de 30 ans, l’Association pour le droit à l’initiative économique œuvre sur le terrain aux côtés des personnes qui souhaitent créer leur propre emploi. Avec le soutien du Crédit Mutuel de Bretagne, elle vient d’entamer un Tro Breizh de l’entrepreneuriat populaire. Objectif : échanger avec les différents acteurs locaux sur cette tendance en plein essor.
Pour la deuxième étape de son Tro Breizh de l’entrepreneuriat populaire, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) faisait escale, ce mardi, à Lorient. Devant les représentants du Crédit Mutuel de Bretagne, de l’agglomération et des organismes consulaires, Fabienne Kerzerho, directrice de l’Adie pour le grand ouest, est revenue sur le boom actuel de la création d’entreprises. « Quasiment un million de personnes en France auront créé leur activité cette année. C’est un phénomène au long cours, qui est engagé depuis une dizaine d’années. Mais la crise du Covid a accéléré les choses ».
Cette période inédite a en effet servi de révélateur et de déclencheur pour nombre de personnes. « Les gens ont voulu changer de cadre, agir, être maîtres de leur destin. Il y a une quête de sens, et cette évolution concerne toutes les couches de la société, quels que soient le niveau d’études, l’âge… » Les enquêtes démontrent qu’aujourd’hui la création d’entreprise n’est pas un choix par défaut mais bien une décision motivée par une volonté d’indépendance, la recherche d’un cadre épanouissant. Et c’est encore plus perceptible auprès des jeunes diplômés s’apprêtant à entrer dans la vie active. Contrairement à leurs aînés, rejoindre une grande entreprise ne les fait plus rêver, leur souhait est d’abord et avant tout de construire leur propre histoire.
[caption id= »attachment_59771″ align= »aligncenter » width= »720″] Garlonn Le Floch, maréchal-ferrant et spécialiste du pied nu chez les équidés, a bénéficié de l’aide de l’Adie pour lancer son activité à Guiscriff, dans le Morbihan. © Branwenn Photographie[/caption]
Un accompagnement primordial
Si la microentreprise a le vent en poupe, les différents intervenants ont souligné qu’elle pouvait parfois aussi relever d’une forme de fantasme. « Certains vous disent d’emblée qu’ils veulent être micro-entrepreneurs. Cela démontre au moins que l’on a décomplexé les gens par rapport à la création d’entreprise. Mais micro-entrepreneur, ce n’est pas un métier, c’est un statut ! » Tous se sont d’ailleurs accordés pour reconnaître l’importance de l’accompagnement du porteur de projet dans les différentes phases de la création : élaboration du plan de financement, calcul du coût de revient…
Outre les microcrédits qu’elle octroie (prêts « classiques », prêts d’honneur…), l’Adie propose également des formations ainsi qu’un accompagnement avant, pendant et après la création d’entreprise grâce à son réseau de salariés et de bénévoles. La formule a fait ses preuves : le taux de pérennité à 3 ans des entreprises nées avec son soutien s’élève à 81 %. Et si on y ajoute ceux ayant retrouvé un emploi salarié dans les 6 mois, le chiffre grimpe même à 93 %. « Il faut avoir en tête que la création d’entreprise peut aussi être un parcours de remobilisation, une manière de rebondir », a souligné Fabienne Kerzerho. « Dans un curriculum vitæ, c’est un vrai plus ».
Rentable pour la collectivité
Au-delà de la dimension humaine et solidaire très forte de l’Adie qui par ses actions permet à des personnes de réaliser leurs rêves, de s’émanciper financièrement, ce dispositif représente également un investissement économique rentable. Une récente étude réalisée par le cabinet d’audit KPMG démontre que lorsque la collectivité investit 1 euro dans l’action de l’Adie auprès des créateurs d’entreprises, cela rapporte au final 2,53 euros, via les recettes générées par l’activité et les coûts sociaux évités. Soit un rendement de 153 %, preuve que le microcrédit mérite un grand crédit !
Partenaires de longue date
Jean-Yves Nicolas