Les maïs grain sont récoltés un peu plus humides que de coutume ; les rendements sont bons. La conséquence directe se fait sentir dans sur les sites de séchage et de stockage.
Une récolte de maïs chasse une autre. Après de bons rendements en ensilage sur la plupart des régions bretonnes, les moissonneuses s’activent pour battre le grain. En cette année propice aux fourrages, le maïs ensilé laisse derrière lui des reliquats de parcelles destinées à être moissonnées. « Depuis la prévision de potentiel de récolte établie en début octobre, nous avons récupéré en théorie 25 000 t de maïs grain de plus », illustre Michel Le Friant, en charge des métiers du grain pour Eureden. Ces hectares laissés derrière les ensileuses s’ajoutent à des rendements corrects, même « supérieurs aux attentes. Nous serons sans doute au-dessus des 90 quintaux sec ». Des volumes conséquents, alors que les surfaces semées pour cette campagne ont été inférieures à 2020.
35 % d’humidité
Selon l’observatoire de FranceAgriMer Céré’Obs et en date du 25 octobre dernier, les récoltes de maïs grain étaient terminées à hauteur de 22 % (en surface) en Bretagne, contre 59 % à cette même date l’an dernier.
Si la moitié des maïs grain sont battus en Ille-et-Vilaine, le 1/3 des chantiers est achevé en Morbihan, en ce début de semaine. Les 20 % sont atteints en Côtes d’Armor, le Finistère démarre tout juste ses battages. Que ce soit à Saint-Brieuc ou dans les secteurs sud comme à Vannes, le taux d’humidité des maïs collectés par la coopérative s’établit autour de 35 %.
Les volumes sont donc là, avec des grains qu’il faut sécher dans un délai maximal de 48 heures pour éviter l’auto-échauffement des tas… Un casse-tête logistique qu’il faut savoir gérer, en jonglant avec d’autres paramètres qui viennent mettre leur grain de sable dans les rouages. « Nous sommes confrontés à une pénurie de bennes céréalières, voire pire : certains camions ne trouvent pas de chauffeur ». Le secteur du transport souffre aussi de manque de bras, d’autant plus que les récoltes en zone Sud-Ouest de la France, très gourmandes en chauffeurs, n’ont pas terminé leurs chantiers. « Notre plan de stockage et de déstockage est perturbé, nous devrons sécher jusqu’en décembre », prévoit le responsable. En conséquence de cette situation, des points de collecte à l’arrêt la semaine dernière pour pouvoir faire face aux livraisons et pour linéariser les flux. « Idéalement, étaler la collecte sur 30 jours par site évite les pertes de produit ». Pour l’instant, rien d’alarmant du côté des contrôles de qualité, les fusarioses sur épis sont rares. Cependant, le retard pris par les cultures obligera les moissonneuses à intervenir sur des cultures vieillissantes.
L’humidité élevée des grains à la récolte demande davantage de s’arrêter sur les réglages des moissonneuses. « Il faut éviter les grains cassés ou écrasés, le marché ne tolère que 5 % de grains abîmés ». Ces grains cassés engendrent des problèmes éventuels de développement de mycotoxine, qui contrarie les exportations ou l’incorporation dans l’alimentation animale.
De l’eau dans le gaz
4 points d’humidité en plus
Beaucoup d’adhérents ont laissé 3 ou 4 ha d’ensilage pour les valoriser en grain. Nous sommes à 4 points de plus d’humidité qu’une année normale, les rendements vont de 140 à 180 quintaux humide. La seule chose qui a pu contrarier certaines parcelles de maïs est l’absence de solution en traitement de semence contre les taupins et les mouches. Les pertes liées à ces attaques montent à 30 %. Ici, les maïs ont été semés plus tard, vers le début mai, soit avec une quinzaine de jours de retard. Nous n’avions pas connu de telles conditions depuis longtemps, il faudra récolter les dernières parcelles avec des chenillards. Olivier Dahirel, Responsable territoire Pays de Brocéliande pour Eureden