Faut-il mettre plus de fenêtres ? Une question qui trouve sa réponse dans la réglementation puisque n’importe quel porc, qu’il soit jeune ou vieux, mâle ou femelle, doit avoir accès à 40 lux de lumière artificielle ou naturelle pendant huit heures. À cela, s’ajoute une modification des conditions de production pour les éleveurs de porcs en Label Rouge Opale : avoir accès à la lumière naturelle avec au minimum 1 % de surface vitrée dans les bâtiment existants et 3 % pour les bâtiments neufs. Eureden a mené l’enquête sur 60 sites d’élevage afin de qualifier leur statut par rapport à la lumière naturelle.
Eureden a mesuré les fenêtres dans 60 sites d’élevages dont 20 sites naisseurs engraisseurs en Label Rouge Opale. En effet, le cahier des charges évolue et ces bâtiments vont être soumis à un nouveau critère : 1 % de la surface au sol doit être vitré dans les bâtiments existants. L’enquête démontre que, contre toute attente, ce sont les salles de verraterie et de gestantes qui sont les moins pourvues en surfaces vitrées. Les 3 128 fenêtres sont réparties dans chaque bâtiment mais la quarantaine et la nursery en sont les mieux équipées (cf. tableau 1). Cela s’explique facilement : plus les salles sont grandes, plus le nombre de fenêtres doit être important pour obtenir 1 %. Il est ainsi plus simple de faire 3 % de surface vitrée dans une verraterie neuve que d’obtenir 1 % dans une verraterie existante. Les fenêtres : point lumineux majoritaire mais souvent trop petit.
Les fenêtres représentent 88,5 % des points d’accès à la lumière naturelle des bâtiments visités. Environ 1 % seulement des salles disposent de puits de lumière. Si les fenêtres sont nombreuses, elles sont malheureusement assez petites et ne représentent que 55 % de la surface d’accès à la lumière naturelle mesurée sur l’ensemble de l’échantillon. Les translucides, moins nombreux mais beaucoup plus grands, représentent 23 % de la surface permettant cet apport. Enfin, les bâtiments semi-ouverts, équipés de filets brise-vent sont les plus lumineux. L’enquête révèle aussi que 10 % des salles d’engraissement sont aveugles. Elles représentent 45 % des salles aveugles de l’échantillon. Elles n’ont aucun accès sur l’extérieur. Même en envisageant une rénovation, la majorité d’entre elles ne pourrait atteindre 1 % d’accès à la lumière extérieure. Pourquoi ? Parce qu’une fenêtre classique de 90 cm sur 83 cm représente 0,41 m2 de surface vitrée et qu’il en faudrait quatre pour une salle de 120 porcs. Une vraie prouesse pour la portance des murs (cf. tableau 2). Néanmoins, d’autres solutions existent telles que les puits de lumière, le remplacement de tôles par des translucides en bas de rampant…
Les performances et la lumière
Peu d’études reprennent la relation entre les porcs et la lumière. Cependant, un rapport de 2010 nous livre quelques pistes de réflexion. Tout d’abord, la structure de l’œil du porc. Il semble qu’il ne soit pas adapté à la vie au grand jour lumineux et brillant. Ainsi, le porc est plus à l’aise à des niveaux d’intensité lumineuse réduits. Ce qui ne veut pourtant pas dire qu’il préfère vivre dans le noir. Cet animal diurne doit pouvoir voir suffisamment pour identifier ses congénères, situer le nourrisseur ou l’auge et les parois de sa case. Un porc préférera toujours dormir dans un endroit abrité, mais vivre à la lumière du jour ne le dérange pas.
Il est de notoriété publique que la fertilité des truies et la consommation d’aliment des porcs sont meilleures avec un bon éclairage. De même, il semblerait que la lumière directe dans les salles soit un facteur aggravant les comportements d’agression entre les porcs. Eureden établit un constat plus modéré sur ce second point. En effet, si la fertilité des cochettes est bien meilleure dans les salles aux surfaces vitrées plus importantes, la proportion de codes 74 « parage de queue » n’évolue pas avec le nombre de fenêtres.
[caption id= »attachment_60569″ align= »aligncenter » width= »720″] Photo 2 : Fenêtre posée en plafond.[/caption]
Comment faire pour les bâtiments existants ?
De nombreux écrits décrivent les moyens d’augmenter l’apport de lumière naturelle dans les salles neuves. Assez peu listent les options existantes pour ouvrir les bâtiments sur l’extérieur. Il s’avère en effet, que la tâche est compliquée. Ajouter une fenêtre équivaut à ouvrir un mur, le renforcer, poser une fenêtre voire plus comme dit précédemment et cela dans le meilleur des cas. Nombre de salles ne sont pas facilement accessibles et les entreprises ne sont pas toujours à l’aise d’intervenir sur des bâtiments de plus de 10 ans. Passer par la toiture semble être une piste à explorer. Malgré la contrainte amiante pour certaines toitures, ces surfaces sont plutôt faciles d’accès et surtout, elles ne sont jamais aveugles. Il reste à développer des solutions telles que des portes vitrées en bout de salles (cf. photo 1) ou les fenêtres au-dessus des couloirs des salles (cf. photo 2) ou les puits de lumière. En dehors de la surface vitrée, il est possible de potentialiser la lumière naturelle en jouant sur la réflectance des matériaux, c’est-à-dire, leur capacité à réfléchir la lumière. Peindre les murs en couleur claire comporte plusieurs avantages : la clarté, l’hygiène, le confort de travail et le bien-être des salariés (cf. photo 3).
[caption id= »attachment_60570″ align= »aligncenter » width= »720″] Photo 3 : Murs peints à gauche versus non peints à droite dans un bâtiment neuf.[/caption]
Dorothée Desson
En savoir plus : De plus en plus de volets électriques posés à l’extérieur des fenêtres voient le jour. Ils permettent de moduler le rayonnement direct tout en bénéficiant de la lumière du jour.