La loi Égalim n’a pas donné les résultats escomptés. À peine conçue, sa petite sœur Égalim 2 est déjà critiquée par des spécialistes des marchés. La nouvelle loi prévoit de généraliser les contrats écrits entre l’agriculteur et le premier acheteur en tenant compte des coûts de production. Et, surtout, de rendre non négociable la part du prix correspondant au coût des matières premières agricoles. Les hausses seront automatiquement répercutées jusqu’au distributeur. Cette clause doit, en théorie, apporter du revenu aux agriculteurs. En théorie seulement si l’on en croit Philippe Goetzmann, spécialiste des filières alimentaires, intervenant aux Assises de l’alimentation à Nantes. Il soulève plusieurs écueils. « La restauration hors domicile (RHD), est en dehors du périmètre de la loi… Égalim 2 va accentuer les distorsions de concurrence, sauf si elle est appliquée au niveau européen, ce qui n’est pas au programme. La montée en gamme est une trappe à importations ». Pour lui, le problème résulte d’un manque de compétitivité des entreprises agroalimentaires françaises. « Leur coût de production (taxes, charges sociales…) est trop important ; les prix des produits français sont plus élevés que ceux des pays voisins. L’écart se creuse depuis dix ans ». À noter quand même que la RHD aura l’obligation d’acheter, dès 2022, au moins 50 % de produits de qualité et durables, dont 20 % de bio, pour accompagner la montée en gamme. Casse-tête juridique Nicolas Gransart, avocat chez Fidal, soulève d’autres points de faiblesse d’Égalim 2. « La ligne directrice est claire mais la mise en œuvre est compliquée. Il y a beaucoup de situations de tensions, d’opacité potentielle. La négociation et la transparence, entre acteurs habituellement en défiance (industriels et distributeurs) ne font pas bon ménage ». Plus concrètement, il soulève le problème des produits élaborés. « Sur une pizza, certains ingrédients ne sont pas concernés (pâte) ou peuvent être achetés à…
Égalim, une trappe à importations ?