Implanter un couvert rapidement après une récolte de légumes permet de piéger l’azote et de limiter l’érosion.
« Les parcelles à fort reliquat azoté, comme après légumes par exemple, sont très exposées au lessivage de l’azote en excès de par la minéralisation non valorisée. De plus, de l’érosion pendant l’hiver est constatée en pratiques culturales classiques », introduit Sébastien L’Hermite, conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture lors d’un bout de champ le 12 novembre à Sainte-Tréphine. Pour limiter ces problèmes, un groupe d’agriculteurs s’est créé sur le bassin versant du Sulon afin de développer des techniques permettant de préserver la qualité de l’eau. La technique utilisée par les agriculteurs est de mettre un couvert court après légumes puis de semer une céréale directement dans ce couvert.
Semer rapidement
Nicolas Thépault, agriculteur à Bon-Repos-sur-Blavet pratique cette technique culturale depuis dix ans. « Dans cette parcelle, j’ai récolté des pois le 20 juillet. J’ai semé un couvert de moutarde 5 jours plus tard. Ce couvert va capter l’azote largué par les pois, limiter le lessivage et étouffer les adventices. » Chez les agriculteurs ayant appliqué cette méthode, 100 unités d’azote ont été piégées par le couvert (moyenne sur 6 ans). « Les essais prouvent que le couvert végétal permet de limiter le lessivage de 74 unités d’azote. Afin de limiter la minéralisation hivernale du couvert il faut retarder sa destruction jusqu’au semis afin d’avoir un couvert plus ligneux au C/N plus important », commente Sébastien L’Hermite.
Économiser 110 à 150 €/ha
Sur cette parcelle, la moutarde très dense montait à 1,20 m. Des pesées ont permis d’estimer qu’il y avait 5,6 t de MS/ ha de moutarde pour 140 unités d’azote piégées (aérien + racinaire). « Ce couvert a restitué au sol 42 unités d’azote, 30 de phosphore et 215 de potasse. Au total, cela représente 0,8 t/ha de carbone stable stocké », chiffre le conseiller. Nicolas Thépault poursuit : « En semis direct de céréales, je commence les parcelles à risque niveau portance début octobre si c’est possible. J’utilise un rouleau Cambridge sur le relevage avant qui écrase le couvert, blesse la tige et évite de bourrer le semoir Väderstad Carrier Drill. Je n’utilise pas de glyphosate. » L’agriculteur voit beaucoup d’avantages au semi-direct. Il peut semer seul à une cadence de 3 ha/heure à une vitesse de 10-12 km/h. « J’estime économiser 110 et 150 €/ha comparé à du semis classique où il faut déchaumer, labourer, passer la herse rotative avant de pouvoir semer. Je consomme 6,5 L/ha de carburant en moyenne pour semer mes céréales. Avec un plein, je sème 50 ha. » Cette technique nécessite d’avoir un semoir adapté. Il faut aussi limiter au maximum le tassement du sol. Enfin, il faut être très vigilant aux attaques de limaces. Des pièges permettent de contrôler la population pour savoir quand il est nécessaire de déclencher une intervention. « Les objectifs de rendement que je me suis fixés en céréales ont été dépassés depuis que je suis passé en semis direct », conclut l’agriculteur.