Le parc éolien de la Baie de Saint-Brieuc mobilise une vive opposition autour du chantier en mer. Sur terre, le passage de la ligne à très haute tension à travers un élevage provoque aussi une levée de boucliers.
Lundi 6 décembre, une nouvelle mobilisation a eu lieu sur l’exploitation de Ludovic André à Erquy alors que les travaux d’installation de la ligne à très haute tension (Parc éolien en baie de Saint-Brieuc) passant à travers sa ferme ont débuté. Sous une pluie glaciale, 150 personnes – éleveurs, syndicalistes, voisins – se sont rassemblées autour d’un cercueil coiffé d’une paire de bottes. « J’ai conscience de la violence de cette mise en scène symbolique de l’enterrement de l’élevage et de l’éleveur. Mais c’est au niveau de la violence que je vis depuis des semaines », confiait le producteur de lait. Installé en avril 2013, il a appris huit mois plus tard que RTE prévoyait de passer un câble de 225 000 V à 6 m seulement de sa stabulation. « Craignant un impact sur la santé de mes animaux, j’ai d’abord proposé un tracé alternatif à 200 m de la ferme à travers mes terrains. Mais face à un projet d’État, on ne pèse rien… » En 2016, Ludovic André a fait ses remarques au moment de l’enquête publique alors que, bizarrement, sa ferme avait été « tout simplement supprimée des plans » présentés. « Il y a également un gros doute sur la propriété ou copropriété du chemin que le chantier a commencé à creuser… »
Quotidien chamboulé
Le Costarmoricain s’est finalement rapproché de l’Association nationale Animaux sous tension (Anast) dont l’avocat a obtenu en août à Saint-Brieuc une ordonnance de référé demandant qu’une expertise sanitaire préalable de l’élevage soit réalisée. « En novembre, un vétérinaire, un électricien, un géologue sont venus auditer pendant plus de 2 jours. Leurs conclusions seront communiquées mi-décembre et pourtant les travaux ont commencé le 29 novembre… J’ai toujours respecté la loi. Mais aujourd’hui, l’Administration et RTE écrasent les jugements des tribunaux », regrette l’éleveur. Alors que les machines creusent à travers le chemin d’exploitation, ce dernier a dû avancer sa traite du matin et doit attendre le départ des ouvriers pour accéder à nouveau à son silo d’herbe le soir. Présentes sur place, plusieurs organisations agricoles (Confédération paysanne, Cédapa, Gab 22 et Agriculture paysanne 22) soutiennent Ludovic André. Leurs représentants réclament la suspension des travaux « qui avancent de manière illégale dans l’attente des jugements attendus dans les prochains jours ».