Mathieu Launay a commencé à produire du lait bio en 2015, à Monteneuf. Pas assez préparé, il a rapidement rencontré des difficultés.
Une vingtaine d’hectares de terres familiales. Suffisant pour Mathieu Launay qui s’installe en production laitière il y a 6 ans, en système de plein air intégral, avec monotraite à l’extérieur. La reprise et l’achat d’animaux s’élèvent à 120 000 €. Le troupeau de 15 vaches simmenthal monte rapidement à 25. Six bœufs sont engraissés chaque année, avec l’objectif de vendre en direct. À l’été 2017, les fourrages manquent ; les vaches nourries au foin produisent peu et une vente d’animaux est nécessaire pour renflouer une trésorerie exsangue. L’ouverture de crédit de 5 000 € est au plafond, entraînant des agios. La qualité du lait livré baisse (cellules). Le jeune éleveur se décourage, cesse la production laitière en 2018 et fait appel à l’association Solidarité paysans.
Vie familiale
« Nous avons eu des discussions enrichissantes avec le binôme (agriculteur-salarié) de l’association. Plusieurs scénarios ont été envisagés : production de viande bovine, élevage de génisses… ». Solidarité Paysans le conseille dans les négociations avec la banque. « Au final, j’ai eu un soutien financier familial, un GFA a été créé, des particuliers m’ont acheté des animaux ; je les rembourse en fourniture de viande ». L’éleveur travaille à l’extérieur une dizaine d’heures par semaine. Sur la ferme, il produit de la viande bovine, vendue en direct à une soixantaine de particuliers, élève des génisses et accueille des adolescents. « Je n’ai pas l’esprit comptable », avance l’éleveur, comme explication à ses difficultés. « Je n’ai pas vu les signaux. Dans un système alternatif, il faut être agriculteur, vendeur (de toutes les pièces d’une carcasse) ». Il avoue ne pas avoir su séparer vie familiale (père un an après son installation) et professionnelle. « La maison était trop proche de l’élevage ». La pluriactivité semble actuellement la voie la plus raisonnable, à moyen terme.