Deux actualités se sont télescopées la semaine dernière : la Journée de la violence à l’égard des femmes et le plan de Julien Denormandie pour prévenir le mal-être en agriculture. Ces deux actualités apparemment dissociées sont liées car elles gangrènent fréquemment sur un terreau social, économique et culturel commun : paupérisation, isolement, précarité. Le constat est dramatique : les agriculteurs sont la catégorie professionnelle la plus impactée par le suicide. Parallèlement, la moitié des violences perpétrées sur les femmes le sont dans les zones rurales. Au-delà de l’enveloppe de 30 à 42 M€ par an, le plan annoncé par le ministre a le mérite de mettre en lumière un tabou : 500 agricultrices – on en parle peu – et agriculteurs se suicident chaque année. Mais le plan ne s’attaque pas à la racine du mal. Comme pour les autres problèmes de société, on en reste à « la mobilisation sur le sujet », aux opérations de communication, mais pas à la résolution intrinsèque des causes. Or les causes, on les connaît. Les prix bas des produits agricoles participent, avec d’autres facteurs, comme la surcharge de travail et le délitement du tissu social des campagnes, à l’atteinte de la dignité humaine, à la dérive physique et psychologique des individus. La problématique est similaire concernant la violence faite aux femmes. Dans son rapport « Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches », publié le 14 octobre, le Sénat aborde cette difficulté d’accès aux droits amplifiée par l’isolement. En mesures préventives, les associations de terrain insistent pour que les jeunes, notamment des écoles d’agriculture, soient sensibilisés à ces problématiques. Cela passe notamment par « la socialisation du genre » dans un milieu rural où les sentiments d’invincibilité et de domination masculine sont encore prégnants. …
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