« Si tu y crois, fais-le ». Ce conseil est souvent lâché par de vieux routiers de l’entrepreneuriat à des jeunes qui s’interrogent sur un projet en germe. Et sûrement que ces chefs d’entreprise expérimentés ont-ils raison d’inciter les jeunes à foncer. Car à trop réfléchir, on ne fait rien, la prudence submergeant l’audace. Pour autant, avant de transformer l’idée en action, il faut être lucide sur son projet d’installation qui engage l’avenir sur de nombreuses années, souvent plusieurs décennies. Et, s’il faut s’autoriser à penser ambitieux, il faut d’abord penser juste. Être formé, être informé, aide à penser juste. À condition d’être dans la clairvoyance. C’est-à-dire de voir ce que l’on voit et non pas ce que les autres voient pour vous ou ce que l’on croit voir au travers du prisme des autres. Ne pas occulter le réel suppose une certaine sagacité dans le jugement dont une des clés est l’ouverture d’esprit sur le monde. Le discernement tient en effet souvent à une rencontre. Si s’installer en agriculture est souvent perçu comme une voie d’émancipation par la personne qui entreprend, il faut donc regarder les choses dans toutes leurs dimensions. Sans escamoter ce qui gêne la grille de lecture : réalité du contexte économique, évolution du marché des produits agricoles, tendance de la consommation alimentaire, etc. Sans négliger ses aspirations personnelles ; sans surestimer ses capacités physiques et psychologiques comme alerte à dessein la profession, consciente que l’approche travail est trop souvent négligée par de nombreux jeunes. Cela tant dans les productions conventionnelles emportées dans une spirale de l’agrandissement que dans les productions en circuit court où la transforma-tion et la commerciali-sation se cumulent aux activités déjà prenantes de la ferme….
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