Une crise ne crée rien. Elle révèle une situation, accélère une tendance déjà en marche. Ainsi le Covid-19 a-t-il mis en pleine lumière quelques-uns de nos atouts et de nos faiblesses. Parmi les atouts, les Français ont découvert cette formidable capacité de l’agriculture d’achalander les magasins alimentaires quand bien même le pays est totalement à l’arrêt. Ce n’est pas rien. Par contre, la crise sanitaire a mis en exergue l’affaiblissement invraisemblable de l’industrie nationale. Souvenons-nous. Au printemps 2020, la France était incapable de fournir un objet aussi simple qu’un masque à sa population. Qui l’aurait imaginé ? Qui aurait pensé que la 7e puissance mondiale ne puisse pas se couvrir le nez pour se protéger ? Le dérèglement climatique qui pointe son nez révélera quant à lui – révèle déjà – l’extrême fragilité de nos sociétés très énergivores. Les tensions actuelles sur le marché des énergies constituent les prémices de cette profonde transformation à venir. Car, de gré ou de force, un monde plus sobre s’imposera. L’agriculture est triplement concernée. Elle devra produire de façon économe ; elle le fait trop peu aujourd’hui. Le consommateur devra comprendre qu’il sera obligé de payer son alimentation plus chère. Troisièmement, l’agriculture devra composer avec la nécessité de la ville de diminuer sa consommation d’énergie au travers d’une forme de retour à la terre et à la ruralité. « La décrue énergétique va forcer à penser un aménagement du territoire très différent », est convaincu Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le climat. Une prédiction difficile à imaginer car contre-intuitive au regard de la trajectoire linéaire du développement des sociétés depuis le début de l’ère industrielle….
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