L’apparence est trompeuse. Avec l’internationalisation du commerce, on pourrait penser que la diversité alimentaire n’a jamais été aussi riche. Pourtant, trois plantes seulement fournissent aujourd’hui la moitié des calories alimentaires de l’humanité : le blé, le riz et le maïs. Cette faiblesse de l’offre en nombre d’espèces est résultat de la « Révolution verte » qui a uniformisé l’alimentation de la planète alors qu’au cours de leur histoire les hommes ont domestiqué quelque 6 000 à 7 000 plantes. Un constat similaire vaut pour l’élevage. Et il n’est pas exclu que la concentration se poursuive. Pour des raisons économiques, environnementales et religieuses, le poulet pourrait à terme dominer largement les autres viandes ; pire, peut-être même seulement 3-4 races de volaille pourraient nourrir la Terre entière. Cet étiolement de l’offre n’est pas raisonnable. Il s’avère même risqué. Sur le plan sanitaire d’abord. Que se passerait-il en effet si un feu cryptogamique ravageait avec fulgurance une plante majeure de l’alimentation humaine. Au mitan du XIXe siècle, le mildiou de la pomme de terre a provoqué une grande famine et un million de morts en Irlande. Les connaissances scientifiques d’aujourd’hui seraient-elles suffisantes pour endiguer un phénomène similaire d’ampleur planétaire ? À l’inverse de la monoculture, l’agrobiodiversité s’avère plus robuste pour affronter le dérèglement climatique. Car toutes les plantes et tous les systèmes d’élevage n’ont pas la même résilience. Enfin, favoriser la multiplicité des cultures et des élevages permet d’accroître les expériences gustatives sans faire voyager les produits sur de longues distances. Varier les produits est également favorable à la santé et culturellement enrichissant….
Agrobiodiversité