Ils luttent contre la malbouffe

11132.hr - Illustration Ils luttent contre la malbouffe
Richard Ramos, député du Loiret, expliquait (entre autres) son combat contre les nitrites dans les charcuteries la semaine dernière à Auray. Tout ne devrait pas être rose dans le cochon.
Élus et médecins ont débattu de l’alimentation en lien avec la santé, la semaine dernière à Auray. Ils se veulent optimistes pour l’accès à une alimentation saine pour tous.

Éric Henry, médecin généraliste impliqué dans l’organisation du système de soins du Pays d’Auray a planté le décor lors d’une soirée organisée par le député local Jimmy Pahun : « Dans notre secteur littoral, il y a 33 % de personnes âgées, contre 16 % en moyenne nationale. Ces personnes ont de l’argent ; il faut juste leur dire où trouver les bons produits, souvent vendus en direct dans les fermes de la région. Nous pourrions, nous médecins, distribuer un document avec les bonnes adresses. La problématique est de savoir comment faire pour que les autres, qui souffrent de maladies de la malbouffe (obésité, cholestérol, apnée du sommeil), puissent accéder aussi à une alimentation saine, mais plus chère ». La perche tendue par le médecin a été saisie par Richard Ramos, député LREM du Loiret, auteur de la proposition de loi contre les nitrites dans les charcuteries : « Il faudra un Yuka amélioré avec tous les éléments de choix dans l’application : de la rémunération du producteur au bien-être animal en passant par divers paramètres de santé. L’information doit être totalement transparente et émaner d’un outil public. C’est avec ça que nous inventerons l’alimentation de demain ». Selon un rapport gouvernemental, un affichage plus complet (que celui proposé actuellement par les applis) pourrait être expérimenté dans les mois à venir. « La loi doit protéger le consommateur », poursuit Richard Ramos, « ce n’est pas à l’industrie de dire ce qui est bon ou pas ».

Jambons gris

Le député, qui encourage la consommation locale, « avant le bio », assure que le consommateur est en quête de sens. « Il est capable de payer un peu plus cher s’il est en confiance ». Avec des conséquences positives pour les producteurs, « la carte bleue est plus puissante qu’un bulletin de vote », assure celui qui fait trembler la fédération de la charcuterie sur l’interdiction de l’utilisation de certains conservateurs (procédure toujours en cours). N’en déplaise au député, les conséquences pourraient être dommageables à la filière, sans améliorer la santé des personnes ; les jambons gris rebutent les consommateurs qui pourraient se retourner vers des jambons étrangers toujours chargés en nitrites et donc bien roses. Ce constat vaut également pour les prix. Trop élevés, dans une économie ouverte, ils favorisent les importations. Alors comment faire pour satisfaire consommateurs et producteurs ? « Il ne faut pas seulement poser des caméras dans les abattoirs mais dans les boxes de négociation entre distributeurs et industriels. Les politiques devront dire aux GMS que ça suffit ». Le député mise pour cela sur la loi Égalim 2, censée redonner le sourire aux producteurs.

Cancers pédiatriques

Sandrine Josso, député LREM de Loire-Atlantique, qui planche sur les pathologies de l’environnement, enfonce le clou sur la santé : « Les enfants sont particulièrement exposés aux effets cocktails (perturbateurs endocriniens, pesticides…), avec 2 500 cancers chaque année (en augmentation de 18 % en 12 ans) ». Pour elle, comme pour ses interlocuteurs, un travail de fond doit être réalisé dès l’école primaire, en apprenant les rudiments de la cuisine aux élèves. Une idée intéressante, qui là encore, demande des moyens financiers. Le nerf de la guerre…

Quelqu’un qui maltraite ses fournisseurs est vite repéré

Je ne comprends pas ces lois qui ont pour objectif de fixer des prix (Égalim). Ça devient beaucoup trop complexe. Plusieurs ingrédients entrent dans la composition de nos produits (porc, algues, poivre de Sao Tomé…). Les changements sont difficiles à encaisser pour l’industrie. Toujours plus de lois ou de normes, c’est aussi toujours plus de responsabilités pour le transformateur, avec le risque de baisse de créativité car nous n’oserons plus. Monsieur Ramos a une vision nationale ; moi je crois que tout ne peut pas se résoudre par la loi. « Produit en Bretagne », (N.D.L.R : dont il est président), intègre aussi des distributeurs. Nous arrivons toujours à trouver des éléments qui nous rassemblent ; nous nous parlons sans être sous influence, avec un objectif commun : l’avenir de la Bretagne. Je crois à une forme d’autorégulation ; la loi n’est qu’un cadre dans lequel il faut laisser place à l’initiative locale. La région est un bon niveau pour travailler ensemble car nous nous comprenons. Quelqu’un qui maltraite ses fournisseurs est vite repéré. Loïc Hénaff, P.-D.G. de Hénaff SA, conseiller régional


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