La Russie, dit-elle, ne craint pas les sanctions que l’Occident s’apprête à lui infliger à propos de l’Ukraine. Mieux, le pays clame à tout-va que les embargos perpétrés à son encontre depuis 2014 ont eu des effets positifs sur son économie et particulièrement sur son agriculture. Les experts occidentaux accordent qu’il y a « une corrélation indéniable entre sanctions et renaissance d’une superpuissance agricole russe ». En fait, l’agriculture russe a été décrétée priorité nationale par le Gouvernement dès 2010. « La doctrine sur la sécurité alimentaire », adoptée par décret présidentiel, a été le fondement d’un programme de développement de l’agriculture pour la période 2013-2020. L’objectif était clair : atteindre la quasi-autosuffisance alimentaire. Et les résultats sont tangibles. En 2017, la Russie est devenue le 1er exportateur mondial de blé. Troisième producteur mondial de lait, le pays compte désormais de nombreux producteurs de fromage, ce dont se félicitait récemment le président Poutine. D’ici quelques années, la Russie pourrait devenir un exportateur important de volaille, d’huiles végétales et même de porc alors que le pays était encore largement déficitaire il y a 10 ans. Au cœur de cette guerre idéologique et économique, l’Europe, dont 10 % des exportations agricoles se faisaient vers la Russie avant la crise ukrainienne de 2014, apparaît aujourd’hui un peu comme l’arroseur arrosé. Mais le respect de l’État de droit n’a-t-il pas ce prix ? Demain, le réchauffement climatique pourrait transformer la Sibérie en nouveau grenier à blé. En 2020, une première récolte céréales a été effectuée dans le nord-est de la Sibérie. À l’inverse, les sécheresses récurrentes risquent d’hypothéquer les rendements dans les terres fertiles de l’Ouest. Rien n’est écrit……
La Russie agricole