La place que représente aujourd’hui la Chine en tant que fournisseur ou acheteur sur de nombreux marchés, doit nous interroger. La Chine représente 19 % de la population mondiale et détiendrait 46 % des stocks de blé et 66 % de ceux de maïs. Il y a comme un léger problème ! En vérité, elle pourrait en détenir moins, ce qui est loin d’être rassurant… Tous les observateurs du marché s’accordent à dire que personne ne connaît la véritable nature des stocks céréaliers chinois, en quantité et qualité. Le fait que l’empire du Milieu, en moins d’un an, soit devenu le premier importateur mondial de céréales fourragères, laisse d’ailleurs planer un doute certain sur les réserves chinoises. Prenons un exemple. Actuellement, le ratio stocks/consommation mondial de maïs est de 24 %, un niveau qui semble confortable face au seuil d’alerte de la FAO situé à 18 % (soit environ 65 jours de stocks). Mais la répartition spatiale est tellement déséquilibrée, que ce même ratio hors Chine tombera à 10,7 % en juin 2022, soit 14 % de moins que la moyenne décennale. Est-il raisonnable, à l’heure où nous prenons conscience de la fragilité de nos économies face au dérèglement climatique et au risque sanitaire, de ne pas rééquilibrer les choses par un peu d’intervention publique ? L’énergie avant l’alimentaire Le think-tank « Agriculture Stratégies », s’étonne que l’UE organise des stocks de pétrole et de gaz de 3 mois de consommation dans chaque pays, et ne se pose pas plus la question alimentaire, pourtant plus cruciale pour le bien-être, voire la survie de sa population. Or, à 11 %, l’UE aura un niveau de stocks de céréales extrêmement faible (41 jours) fin juin 2022. Tous les autres grands pays sont plus prudents : la Russie et l’Inde sont à 19 %. Mais c’est bien la Chine qui accapare tous les stocks, soit 68 % de sa consommation….
Le marché et ses chinoiseries